Une femme parvient à obtenir le rôle de silhouette sur le tournage d'un film mettant en scène son acteur préféré ; un ado panique, sur le trajet des vacances, lorsqu'il se rend compte qu'il a enfermé son chat dans sa chambre ; un septuagénaire apprend qu'il va mourir dans quelques mois et décide de demander pardon à toutes les personnes à qui il a causé du tort ; une étudiante, brillante mais réservée, part vivre en Angleterre sur les conseils d'un professeur et y rencontre une logeuse pas comme les autres ; les vacances sur l'île d'Ouessant d'une famille modeste mais unie passent en une minute du rêve au cauchemar ; un vieil excentrique prêt à tout pour que l'on respecte le bon usage de la langue française va apprendre à ses dépens que chacun a ses obsessions ; un acteur de talent est victime d'un trou de mémoire, toujours à la même réplique ; l'amour d'un petit garçon pour son oncle va pousser ce dernier à révéler sa vraie personnalité à sa famille ; une femme doit trouver une raison de vivre, après le décès de son époux.
Voici le sujet de neuf des dix textes qui composent l'excellent recueil de Jean-Claude Mourlevat. Impossible de vous résumer la dernière sans vous priver de la jolie pirouette que nous offre l'auteur pour clore ce recueil de nouvelles à chute, qu'il dote ainsi d'un dénouement global surprenant.
J'ai apprécié chacune de ces nouvelles pour son thème et sa construction. En partant de situations très différentes, Jean-Claude Mourlevat brode sur la thématique de l'imprévisibilité et de la cruauté de l'existence. Globalement animés des meilleures intentions, ses personnages sont implacablement broyés par leur destin. La mort, très présente dans ce recueil, ressemble au personnage encapuchonné que l'on retrouve dans les contes bretons : on croit souvent pouvoir lui échapper mais, maligne, elle parviendra toujours à récupérer son dû. Dure réalité pour les personnages : c'est pour eux, d'avantage encore que pour les lecteurs, que la chute de ces "nouvelles à chute" est la plus rude.
Cette manière de ne rien épargner à ses personnages, cette avancée implacable des intrigues, cette absence d'optimisme et de légèreté m'ont rappelé les meilleurs nouvelles de Stephen King, grand maître de l'horreur quotidienne.
J'ai été très étonnée et totalement séduite par le tour que nous joue ici Jean-Claude Mourlevat, à cent lieux des romans foisonnants et lumineux auxquels il nous avait habitués. Cette cruauté parfaitement maîtrisée pourra séduire un large panel de lecteurs, adolescents ou adultes, pour peu qu'ils soient adeptes des textes courts.