Les Chroniques de l'Imaginaire

Les boîtes noires (Pest - 2) - Corbeyran, Éric & Bouillez, Amaury

C'est le branle-bas de combat à Spleen City ! La milice de la foi récupère une boîte noire qui permet d'analyser tout ce qui s'est passé dans les environs. Et c'était moins une avant que la fameuse boîte noire soit définitivement hors-circuit... Ainsi, l'analyse par le maire, Gaspard Bonventre, montre que le professeur Hurlevent, ancien directeur de la station météorologique, n'est pas du tout celui qui a été tué par un exo-régulateur, histoire de faire taire définitivement le scientifique.

En parallèle, on retrouve Abélard et toute une bande de malades de la Pest, dont ses parents, en pleine balade nauséabonde dans les marais. Bien évidemment, le moral n'est pas au beau fixe, et certains des malades souhaiteraient même faire demi-tour pour retrouver les geôles où ils sont misérablement soignés. Mais les parents d'Abélard Tournemine savent être convaincants, et heureusement, étant donné le sort réservé à tous ces gens si la milice parvient à les retrouver...

La milice en question ne les trouvera pas, mais s'il en est une qui aimerait retrouver son Abélard, c'est bien Héloïse, celle qui est encore la femme de Balthazar Kilojoule, un scientifique de génie, mais machiavélique car étant un des trois êtres à avoir ourdi la mise en scène de la triste maladie... Héloïse parvient à voler une boîte noire qui cache bien des secrets intéressants, et à fuir elle aussi vers les marécages.

Le trio maléfique, composé du maire Gaspard Bonventre, du frère Melchior et du scientifique Kilojoule, se lance également dans les marais, avec une armée de miliciens. Ils ne savent pas encore que Hurlevent est bel et bien vivant, et qu'il accueille les fuyards en leur expliquant les méfaits du bien triste trio. De quoi donner l'envie à Abélard de retourner à Spleen City, afin de tout révéler...

C'est avec un immense bonheur que nous avons appris la sortie de ce second tome de Pest, qui était bien attendu depuis la sortie du premier tome de la série, en 2004. Nous découvrions à l'époque un univers travaillé, fouillé, très riche, imaginé par Eric Corbeyran, un scénariste qu'on ne présente plus. L'homme en question a été interviewé dans ces pages à l'époque, et il ne savait pas encore quand arriverait le second tome de ce diptyque.

L'occasion était également donnée de tomber sur un dessin détaillé qui, chose extrêmement rare et importante, possède une vraie signature, une vraie personnalité. Amaury Bouillez ne nous fera pas changer d'avis dans ce second tome, avec une atmosphère toujours très travaillée, des personnages hilarants, mi-hommes mi-machines, tout droit sortis d'univers steampunk. L'ensemble n'est pas sans rappeler le dessin de Turf, avec une colorisation faite à l'ordinateur, très différente donc de l'auteur de La nef des fous ou le dernier Magasin sexuel.

Les décors ne sont pas en reste, avec des garages très travaillés, des laboratoires remplis de dizaines de petits objets, des marécages inquiétants : que ce soit architectural ou naturel, on sent un dessinateur parfaitement à l'aise. Mais le plus fort reste dans les personnages, les costumes, les expressions des visages très soignées...

Pest est finalement un très beau diptyque, à posséder absolument, qui saura en tout cas combler les attentes des fans de la première heure (y compris ceux qui ont la chance de posséder le très beau Le phalanstère du bout du monde, en noir et blanc, des mêmes auteurs), qu'ils soient un jeune public ou un public plus adulte. Il ne reste qu'à espérer que nous n'attendions pas aussi longtemps pour découvrir la prochaine série dessinée par Amaury Bouillez : vite, monsieur l'éditeur !