Les Chroniques de l'Imaginaire

40 jours de nuit - Paver, Michelle

Jack Miller est seul. Sans famille, car ses parents sont morts et qu'il est fils unique, il se raccroche comme il peut à une vie ennuyeuse et fade. Lorsqu'on lui propose de participer à une expédition au pôle Nord dans un but scientifique, Jack sent sa chance tourner. Très vite, il va se voir embarquer sur un bateau où il fait la connaissance de ses coéquipiers. Il y a Algie Carlisle, le chasseur, géologue et conducteur de traîneau, Teddy Wintringham, le photographe et médecin de l'expédition, Hugo Charteris-Black, qui se chargera de la calotte glaciaire et Gus Balfour le biologiste et chef de la mission. Pour ces hommes, Jack aura un rôle capital : il sera chargé des communications pour transmettre en temps réel toutes leurs informations. Très vite pourtant, les hommes de l'expédition vont abandonner sans le vouloir jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Jack va se retrouver seul avec pour seule compagnie celle des chiens de traîneau qu'il n'aimait pourtant pas. L'expédition repose sur ses épaules et ce dernier fera tout pour la réussir.

Michelle Paver est une auteur que je ne connaissais pas, même si sa saga Chroniques des temps obscurs me tente assez. Dans 40 jours de nuit, l'auteur a décidé d'utiliser le narrateur interne et donc de nous mettre à la place du héros Jack afin de découvrir l'univers via son journal de bord. Choix intéressant puisque du coup on ignore de nombreuses choses et tout nous est expliqué en même temps qu'au héros. Il y a des fois où ce genre de narration ne fonctionne pas vraiment, comme dans Un blog trop mortel où cela m'avait paru gênant plutôt que judicieux. Ici la sauce a pris et j'ai très facilement pu me mettre à la place de ce jeune homme qui va tenter de survivre face à l'obscurité et à la solitude.

C'est sur deux thèmes assez abordables que l'auteur joue la carte du suspense et de l'angoisse. L'obscurité de ce paysage où le soleil ne se lève que très rarement, où la nuit domine un désert gelé et froid. Autant dire que l'environnement du roman ne peut que donner froid dans le dos dans tous les sens du terme. Nos héros vont très vite se battre pour garder de quoi les éclairer et pourtant ils se rendront bien vite compte que la lumière artificielle augmente l'obscurité. J'ai lu ce roman la nuit et j'ai apprécié le côté sombre de celui-ci qui, je vous le dis, se lit lorsque le ciel est sombre pour ajouter un peu de piquant à la lecture. Je n'ai pas été effrayée, mais j'ai apprécié l'ambiance glaciale. D'ailleurs d'un côté, ce roman me rappelle Les voyages de Jack London, mais en mieux dosé. En effet, les évènements surnaturels qui surviennent dans 40 jours de nuit sont peu nombreux, mais ils fonctionnent. Ils prennent l'apparence d'un esprit qui hante certains lieux et comme le héros, on a peur de ce personnage singulier et on est toujours sur les nerfs, se demandant quand il réapparaîtra. Juste ça et Michelle Paver nous offre un roman délicieux et qui fera frémir plus d'un lecteur !

Je vous parlais plus haut de la solitude, et en effet, c'est un thème très exploité dans ce roman. Jack arrive à Gruhuken où avec deux de ses coéquipiers ils vont très vite se construire un abri et détruire celui qui était déjà présent, car il ne leur convient pas. Au départ, ils étaient cinq, l'un d'eux a dû s'abstenir de faire le voyage parce qu'un coup du sort l'a retenu chez lui, tandis qu'un second va se briser la jambe avec beaucoup de malchance. Trois âmes solitaires et plusieurs chiens pour vivre pendant des mois au pôle Nord, voilà qui en effrayerait plus d'un. Le seul problème c'est qu'une fois encore, la malchance va pointer son nez et les deux collègues de Jack vont devoir s'en aller pour raison médicale, laissant notre héros seul avec les chiens. Et là on ressent très vite son angoisse d'être seul, son besoin de se rattacher au moindre bruit ou à la moindre habitude pour continuer de survivre malgré l'absence d'êtres humains. C'est très intense et j'ai ressenti beaucoup de peine pour Jack qui forcément voit les petits événements autour de lui se décupler, même ceux qui paraissent anodins. Il va surtout se lier avec l'un des chiens de la meute, ayant besoin de quelque chose de vivant auprès de lui. Et j'ai trouvé cette relation vraiment très belle.

En fin de compte, 40 jours de nuit est un roman d'aventures assez sombre et qui utilise la psychologie des personnages pour sortir des sentiers battus. On se croirait vraiment à Gruhuken et comme Jack, on veut en sortir sans toutefois y parvenir. Une très bonne surprise même si j'ai regretté le fait qu'il soit aussi court !