Cesare... A l'évocation de ce nom, il est impossible de ne pas penser au fondateur de l'Empire romain, il y a deux mille ans. Pourtant, un autre Cesare a fait également parler de lui bien plus tard, et c'est de son histoire qu'il s'agira ici. Tout commence lorsque Angelo Da Canossa, un jeune homme de Florence petit-fils d'un tailleur de pierre de grand talent, commence à étudier à l'université La Sapienza, à Pise, grâce à Lorenzo de Médicis, un homme à la tête de la plus grande banque d'Italie, dont le fils étudie également dans cette université.
Il est certain que Lorenzo de Médicis tenait le vieil homme en estime, pour faire en sorte que le petit-fils de ce dernier, élevé par son grand-père, étudie avec les enfants des plus riches familles italiennes. Angelo est donc conscient de la chance qu'il a, et il est vite admiratif de Son Excellence Giovanni de Médicis, fils de Lorenzo. Ce dernier est le meneur du cercle d'étudiants florentins. L'université voit justement les étudiants répartis en cercles, en fonction de leur provenance : on a donc un cercle florentin, mais aussi un cercle français, un cercle espagnol.
Chaque cercle a un meneur à sa tête. Un étudiant particulièrement brillant, destiné à devenir un jour Cardinal, pour éventuellement briguer la place du Saint Père, lors du prochain conclave. Ainsi, Angelo est assez ignorant des préceptes de cette université et de la façon dont il doit se comporter. Le jeune homme veut bien faire, mais il est naïf, et s'attire justement la colère de Giovanni de Médicis, lorsqu'il le contredit en plein cours théologique, avec raison...
Son excellence florentine a ainsi failli faire perdre la vie à Angelo, lors d'une séance de course hippique un peu trop musclée... C'est un jeune cavalier du cercle espagnol qui a réussi à lui sauver la vie de justesse. Un espagnol nommé Cesare Borgia, fils illégitime du cardinal Rodrigo Borgia en place, et meneur du cercle d'étudiants espagnols. Angelo lui doit maintenant la vie, et se lie vraiment d'amitié avec ce jeune homme aux allures sauvages et pourtant si brillant et intelligent, même s'il préfère chevaucher les jours de soleil, plutôt que de se rendre en cours.
Ce premier tome de Cesare est pour le moins franchement convaincant, c'est certain ! La dimension historique de la série est évidente, et pas uniquement avec la recommandation de la chaîne Historia qui vante ce premier tome. En ces temps où le Vatican est au centre de l'actualité avec le dernier conclave, ce Cesare de Fuyumi Soryo débarque dans les librairies, comme pour mieux coller à l'Histoire, justement.
Le neuvième art n'en est pas à son coup d'essai avec la papauté, et particulièrement avec le pape Borgia, avec quelques parutions de grand talent dans le genre franco-belge. On pourra d'ailleurs citer de très belles séries comme Borgia dessinée par Milo Manara, ou encore Le pape terrible, dessiné par l'italien Théo Caneshi chez Delcourt. Les deux séries mettent l'accent sur celui qui était le pape, aux penchants sexuels très affûtés.
Il n'en est rien ici, pour le moment en tout cas, avec ce Cesare Borgia dont l'auteur ne nous donne pas encore énormément d'informations. Le garçon est plutôt gentil, affable, même s'il a grandi dans lopulence et au milieu de grandes richesses, et on a même l'impression que le personnage n'est pas mieux présenté que d'autres, comme Angelo, ou encore Giovanni de Médicis.
Et c'est là où réside la grande force de ce titre : l'auteur n'hésite pas à nous les présenter longuement, en prenant le parti de nous les montrer sous les yeux d'un personnage de l'époque qui n'y connaît justement pas grand chose. Ainsi, le livre peut s'ouvrir à un large public, en prenant le temps de s'attarder sur des personnages secondaires, bien souvent très charismatiques.
Les dessins sont à l'avenant, avec des expressions soignées, des décors parfois très détaillés, notamment à l'intérieur de quelques riches demeures, du mouvement dans les quelques scènes qui en demandent...
Un premier tome très convaincant donc, franchement captivant, qui ne se lâche plus avant la fin des quelques 228 pages qui le composent. Une grande réussite !