Georgette Vanderbiest n'a jamais pu se convaincre de l'amour de son mari Étienne. Elle se sait laide, et si Étienne s'est comporté toute leur vie commune en époux exemplaire, vantant sans relâche ses qualités morales, son absence de confiance en elle-même lui a toujours interdit de profiter de cet attachement inattendu. D'autant plus quÉtienne est chef de service dans la clinique du père de Georgette, et que la majorité du personnel le surnomme "le gendre", persuadée qu'il a épousé la fille du chef par intérêt.
Pour ne rien arranger, ces dernières semaines, le comportement dÉtienne a changé. Il ne traite plus son épouse avec autant d'égards, se montre blessant, froid, cruel même. Georgette n'en peut plus. D'autant que Lucien, un ami du couple, tente de la séduire depuis plusieurs mois. Alors cette nuit, c'est décidé, Georgette va sauter le pas et passer la nuit avec son prétendant. Elle a besoin de se sentir désirée après l'humiliation que lui a fait subir Étienne... Mais la pauvre femme n'arrivera jamais à son rendez-vous. Alors qu'elle flâne dans les rues, le cur battant, elle est assassinée.
Lilas Klaus et son ami Serge Zwanze enquêtent sur ce triste meurtre et découvrent avec stupeur l'étrange entourage de la victime : Étienne, le mari trop dévoué transformé depuis peu en goujat ; une jolie bibliothécaire, un peu rêveuse et surtout très (trop ?) proche dÉtienne ; Lucien et Martine, les amis du couple, dont l'un faisait du charme à la défunte et l'autre est une belle et énigmatique paraplégique ; et enfin Melchior, un musicien excentrique mêlé au drame à son corps défendant, puisqu'il a assisté au meurtre de Georgette alors qu'il jouait du violoncelle nu devant sa fenêtre...
Chacun possède un mobile, mais tous semblent criants de sincérité. Comment parvenir à démêler cet imbroglio ?
Les fenêtres murmurent fait suite à Petits meurtres chez ces gens-là, un polar dans lequel on découvre notamment le passé et l'histoire personnelle des deux enquêteurs que nous allons suivre ici.
Beaucoup de qualités dans ce polar belge que j'ai pris plaisir à découvrir.
Le style de l'auteur est agréable, soigné et élégant. Un peu trop parfois, car s'il colle bien au déroulement de l'intrigue et aux états d'âme des personnages, il donne aux dialogues un côté souvent peu crédible.
Les personnages sont bien construits, avec une psychologie assez fouillée, même si une fois encore le côté appliqué de l'auteur peut donner des personnages un peu protagonistes, comme cet ado bien sous tout rapport, proche de sa famille, qui cuisine et prend plaisir à partager une soirée télé avec son père, le bras passé autour de ses épaules... Je vous l'accorde, ce genre d'adolescents doit bien exister quelque part, mais ici, je n'y ai pas cru une seconde. En revanche, les personnages de Melchior, de Serge et de Lilas ont retenu mon attention et m'ont donné envie de lire le premier tome afin d'en apprendre plus sur leur passé.
Le déroulement de l'intrigue est habile, distillant à petites doses un suspens qui devient vraiment soutenu dans les derniers chapitres. Le dénouement se révèle à la hauteur des espérances ainsi créées, et c'est bien appréciable.
En somme, un polar vraiment agréable, avec son intrigue solide et ses côtés un peu désuets qui m'ont parfois fait penser à de vieilles séries télé policières : légèrement dépassées, mais tellement sympathiques ! Un bon moment de lecture, sans autre prétention.