Nostradamus a publié la première édition de ses célèbres prévisions en 1555. Cela ne lui a pas servi, car non seulement Euzébius a pu alors retrouver sa trace, mais également le fait d'avoir prédit que le roi Henri allait périr au cours d'un tournoi de chevalerie lui a attiré les foudres de la Reine, Catherine de Médicis. Aujourd'hui, Nostradamus est pris d'une nouvelle vision au cours de laquelle il voit de nouveau la mort du roi, mais également la mort de son héritier, avant d'assister à sa propre mort !
Alors, Nostradamus doit absolument convaincre la reine de l'écouter, en court-circuitant Ruggieri, le propre voyant de la reine. Pour cela, Nostradamus joue avec les signes qui sont de puissants contrôleurs de l'âme humaine lorsqu'ils sont révélés par un produit à l'odeur âcre. L'attention est bien gagnée, mais la reine doute toujours, même si les révélations sur un signe que porte Diane de Poitiers sont surprenantes.
Car la dame en question est de vingt ans la cadette du roi. Et ce dernier en est fou depuis bien longtemps. Pourtant, c'est bien elle qui aurait le plus d'intérêt à ce que le roi et son héritier ne meurent. Ainsi, lorsqu'il meurt réellement, Nostradamus est mortifié de la véracité de ses visions. Il l'est d'autant plus lorsque l'héritier tombe gravement malade, avec des pustules qui lui jaillissent du corps et qui le rendent contagieux.
Nostradamus n'est pas le seul à manipuler les signes dans ce troisième tome de L'ordre du chaos. Après les deux premiers tomes consacrés au peintre Jérôme Bosch et à Machiavel, c'est au fameux prédicateur que s'intéressent Damien Perez et Sophie Ricaume au scénario, et Eric Albert au dessin. Après le même prologue de Geto, c'est à un personnage bien inquiet que nous avons à faire. Nostradamus vient de voir sa propre mort en vision, et il va maintenant devoir convaincre la reine que le roi et son héritier sont tous deux en grand danger.
Et il y a de fortes chances que s'il n'y parvient pas, c'est lui-même qui mourra. Nous sommes donc ici encore une fois dans un contexte historique, et c'est Diane de Poitiers qui a le rôle de femme aguicheuse qui arrivera à ses fins principalement grâce à ses charmes. Des charmes qu'elle a encore justement grâce à un de ces mystérieux signes, qu'il va falloir mettre à jour.
Les rebondissements font une nouvelle fois partie de cette histoire, même si on pourra lui reprocher un petit manque d'originalité. On se doute de ce qui va arriver, d'autant que l'on sait que quatre autres tomes doivent encore paraître pour clore la série. Les personnages sont travaillés, mais ils manquent tout de même d'un peu de profondeur, et il est difficile pour le lecteur de s'attacher durablement à l'un ou l'autre d'entre eux.
Côté dessins, on a là encore quelque chose de très correct et de plutôt fin, mais j'aurais aimé un peu plus d'originalité dans les traits : une vraie signature graphique, en somme. Pour autant, les dessins sont épurés et possèdent du mouvement. Ils n'entravent nullement ainsi le plaisir de lecture.
Un troisième tome malheureusement seulement sympathique, qui se laisse parcourir sans laisser une trace indélébile : attendons de voir la suite à présent.