Les Chroniques de l'Imaginaire

Un océan de pavots (Un océan de pavots - 1) - Ghosh, Amitav

Même si Benjamin Burnham a acheté L'Ibis, une goélette américaine équipée pour le transport des esclaves, pour lui faire porter en Chine l'opium produit en Inde, l'imminence de la guerre de l'opium lui fait choisir d'utiliser sa nouvelle acquisition pour emporter à "Mareech" (l'île Maurice) une cargaison de coolies, et deux déportés.

Parmi les coolies figurent notamment Deeti, la jeune femme que Kalua - qui est là aussi - a sauvée du suttee, Paulette Lambert, orpheline d'un Français libre-penseur, et à qui on veut imposer un vieux mari bigot ; son frère de lait Jodu, qui a toujours rêvé de naviguer, fait partie de l'équipage de L'Ibis, tandis que Zachary Reid, l'américain métis est second lieutenant.

Ce roman porte à rêver, et à respirer plus large. L'Extrême-Orient de la première moitié du XIXe siècle nous transporte totalement ailleurs, même si l'auteur fait tout son possible pour éviter tout exotisme facile (ainsi, par exemple, le rajah qu'il met en scène est ruiné, et perd rapidement ses titre et propriétés). Il n'empêche que la visite détaillée de "l'usine" d'opium, notamment, est fascinante, autant, dans un autre genre, que l'est la justification des Anglais pour forcer la Chine à consentir à l'opium.

Les Anglais ont d'ailleurs tous les mauvais rôles de cette histoire ! Si certains non-Anglais sont proprement odieux (Bhyro Singh, par exemple... mais il a combattu pour les Anglais), les personnages les plus sympathiques appartiennent à d'autres nations. Il ne faut pas les croire simplistes, et exclusivement "bons" pour autant : Neel, par exemple, a des côtés agaçants, pour dire le moins, Pander est souvent ridicule, et Zachary Reid naïf.

L'action, d'une façon ou d'une autre, est quasi-incessante. Le voyage vers l'île Maurice commence à peine à la fin de ce premier tome d'une trilogie annoncée, et j'attends la suite avec impatience, car quelque chose me dit que L'Ibis n'est pas près d'arriver à Maurice !

En tout cas, n'hésitez pas à vous embarquer aussi, vous n'en reviendrez pas.