Nous sommes à Berlin, en 1700. Johann Friedrich Böttger est en effervescence. Il fend la foule en courant, car il doit vite aller chercher le médecin de famille. Carl, le second fils de Zorn, est au plus mal. L'apothicaire de Berlin, qui a recueilli Böttger pour en faire son élève, en est au second fils qu'il est sur le point de perdre. Et il ne s'agit pas là de tuberculose, mais bien d'un empoisonnement à l'arsenic.
Tous les proches de la famille Zorn sont ainsi interrogés, y compris Johann, que la police semble suspecter en priorité. Le jeune homme est connu comme ayant eu des écarts vers le grand oeuvre, c'est-à-dire les recherches en alchimie permettant d'arriver jusqu'à la pierre philosophale. Johann ne peut nier les soupçons, mais il est clair qu'il est bien innocent, appréciant d'ailleurs beaucoup Carl.
Johann ne peut s'empêcher de penser à Friedrich, l'autre fils Zorn... Ce dernier est fourbe, mais il est tout de même inimaginable de penser qu'il puisse arriver à tuer Carl. Johann finit ainsi par suivre le demi-frère aîné, et à se rendre chez le baron Kunckel Von Löwenstern. Friedrich a rencontré dernièrement un homme étrange, qui lui a remis un soi-disant remède permettant de soigner Carl. Friedrich ignorait qu'il s'agissait d'arsenic.
En parallèle, ce sont les polonais qui fomentent contre le futur roi de Prusse. L'accession au trône de ce dernier a été acceptée, et le futur roi de Prusse est en route pour son couronnement, dans un voyage de douze jours à travers la neige. Les polonais surveillent de près le convoi, et la méfiance des hommes de ce dernier grandit au fur et à mesure de l'avancée du voyage...
Nous en sommes là au cinquième et dernier tome de La rose et la croix, une série démarrée en 2005 dans la collection alors toute nouvelle Soleil Celtic. Depuis le tome 3 et le changement de dessinateur (et la venue du talentueux roumain Augustin Popescu), c'est dans la collection Secrets du Vatican qu'appartient la série.
Nous retrouvons là un Johann Böttger encore un peu plus mûr, et les relations qu'il tient avec bien des interlocuteurs, entre Zorn, son maître officiel, et le baron Kunckel... En outre, c'est bien Laskaris que l'on rencontre encore, dans ses habits de moine : un homme qui est le plus grand alchimiste vivant, et qui pense encore que seule une vie dénuée de plaisirs peut conduire à la voie du grand oeuvre.
La haute société prend encore une large place dans ce tome, où le côté ésotérique et fantastique côtoie encore les éléments historiques qui se sont réellement déroulés dans les différentes provinces qui ont fini par donner l'Allemagne actuel. A ce propos, un lexique présent en début d'ouvrage, fort utile, est là pour aider le lecteur à démêler le vrai du faux : une excellente idée en tout cas pour les néophytes de l'histoire allemande !
Côté dessins, on retrouve pour la troisième fois des dessins réalistes, des cadrages intéressants, et des expressions de visages très convaincantes. C'est le tome de la maturité pour Augustin Popescu, dont le dessin n'a cessé de progresser depuis le tome 3 qui était déjà très convaincant graphiquement. Il me tarde au passage de découvrir la prochaine série qui sera dessinée par cet auteur, à présent que La rose et la croix a trouvé une conclusion.
Une série riche, intéressante, à la limite entre la réalité historique et l'ésotérique ou le fantastique : les amateurs du genre seront nombreux et apprécieront, avec les multiples personnages complexes et travaillés.