Les Chroniques de l'Imaginaire

Mathieu Lauffray - Axis Mundi - Lauffray, Mathieu

Mathieu Lauffray... L'évocation de ce nom ne laisse normalement pas les amateurs de bande dessinée indifférents. L'homme y a fait largement ses preuves, et les fait d'ailleurs encore, en ayant la charge graphique de séries comme Prophet (dont le premier tome a été scénarisé par Xavier Dorison), Le serment de l'ambre, ou le fameux Long John Silver, dont le quatrième tome est sur le point de sortir chez Dargaud.

Si les dessins de Mathieu Lauffray plaisent, c'est avant tout grâce à ce souci constant du détail. Sur un personnage, chaque muscle a son importance. Un monstre ne doit pas effrayer que physiquement, mais également dégager une force supérieure et maligne qui lui donnerait presque raison. Lauffray a, et a toujours eu, cette vision du dessin. Evidemment, l'enfant qu'il était a grandi au milieu de l'essor du fantastique et de la fantasy, et ces découvertes (Star Wars, Superman, les comics américains) ont profondément structuré l'artiste dont on admire les dessins aujourd'hui.

Ainsi, le Mathieu étudiant aura eu l'occasion de croiser du beau monde. Entre autres, il y a un certain Denis Bajram, qui a une vision différente du dessin. Le côté réaliste importe moins qu'une certaine conception, le fait de laisser tourner l'imaginaire d'un lecteur. Les deux visions se sont opposées, et ont également contribué à façonner l'artiste qui nous intéresse ici.

Mais Mathieu Lauffray, cela ne se résume pas à de la bande dessinée, et à des séries comme Long John Silver ou encore les quelques très belles premières pages de Les chroniques de Légion. Mathieu a démarré en illustrant un certain nombre de magazines, dès 1995. Notamment des revues Star Wars. Et puis, il y a le cinéma, et le métier de concept designer...

Sur le cinéma, Mathieu Lauffray a pu travailler sur des projets français dont certains n'ont jamais vu le jour. On peut citer des films comme Le Pacte des Loups, qui était un choc visuel à sa sortie, ou Vidocq. Le cinéma américain a également fait appel à ses services, avec 10 000, le film de Roland Emmerich, rien que ça. Un film à gros budget où les décors croqués par Mathieu prennent parfois vie dès le lendemain, pour être palpables et animés à l'écran dès la fin de la semaine.

C'est à travers tout cela qu'on découvre dans ce très beau livre l'oeuvre d'un artiste contemporain très apprécié du public bédéphile. On se rend compte que l'homme est un touche à tout, autodidacte, qui était plutôt mauvais dans le système scolaire classique. Le livre est parsemé d'interviews de Mathieu Lauffray, évidemment, mais aussi de personnalités proches, comme Denis Bajram, Fabien Nury, ou encore Xavier Dorison, Alex Alice ou Robin Recht. On croisera également des gens comme Christophe Gans, qui prépare un long métrage sur Tarzan, avec des dessins de Mathieu. On en frémit d'avance.

Le livre est magnifiquement et abondamment illustré : des dessins en pleine page, des croquis de recherches de divers personnages, et même la dédicace d'un chanceux ! L'actualité de Mathieu Lauffray est riche en ce moment, entre ce Axis Mundi et la sortie du quatrième tome de Long John Silver (et bientôt également de Prophet). On le voit même faire une apparition dans le troisième tome de Abymes, où il côtoie Valérie Mangin et... Denis Bajram !

Un très beau livre dont le seul bémol réside dans quelques fautes d'orthographe,et qui est à posséder pour tous les fans du personnage et de ces univers graphiques d'une grande richesse.