Qu'un homme veuille vendre sa femme en la faisant passer pour un bourricot ou encore qu'un géant paré de superbes chaussettes rouges veuille épouser Mireille, cela peut vous paraître normal, j'en conviens, mais tout de même que Monsieur Charles Perrault finisse en prison pour avoir négocié un peu trop librement le contrat du loup, cela doit bien vous interpeler non? Ah non? Bon, bien... D'accord...
J'avoue avoir ouvert goulûment cet ouvrage. Du Gripari par Gripari, que demander de mieux? Eh bien peut-être un peu plus de Gripari justement.
J'ai apprécié réellement les scénettes qui ne font pas partie des Contes de la rue Broca. J'ai aimé le côté arroseur arrosé dans Le bourricot. J'ai trouvé savoureux l'humour un peu jaune du Le démarcheur, quoiqu'il est possible en l'espèce que certains aspects échappent aux jeunes lecteurs-acteurs. L'annonce de Charles Perrault m'a totalement conquise. Beaucoup d'humour, un côté un peu décalé, et l'utilisation de grands classiques font qu'au bout du compte, tout le monde s'y retrouve.
L'ange déjà m'a un peu plus ennuyée. Mais le pire pour moi a probablement été les adaptations des Contes de la rue Broca dont je suis une fan inconditionnelle. Je n'ai pas du tout accroché aux transformations faites pour l'adaptation théâtrale. Je n'ai pas apprécié l'infantilisation totale des personnages lorsqu'ils s'adressent au public. Les trop nombreux "qu'en pensez-vous les petits enfants" ou autre "vous le voyez les petits enfants" m'ont parfois donné la sensation d'assister à une représentation du théâtre de Guignol. N'oublions pas que ces scénettes sont sensées s'adresser à des collégiens, donc à des enfants ayant entre dix et quinze ans. Très honnêtement, je pense que le livre passe totalement à côté de son public.
Etant aussi très attachée à certains de mes classiques, je n'ai pas franchement adhéré non plus aux modifications substantielles des histoires, qui à mon sens ne facilitent pas forcément un jeu de scène. Je ne vois pas bien lintérêt de faire intervenir Monsieur Pierre dans La sorcière de la rue Moufetard par exemple.
La mise en page est par contre très judicieuse. Elle alterne une adaptation et un nouveau conte. Si cela donne un peu un effet montagnes russes dans la lecture, cela incite aussi indéniablement à finir le bouquin.