Nous sommes autour des années 1500, et le monde arabe est mené principalement par deux camps : les Ottomans au Nord, et les Mamelouks plus au sud. Seuls quelques territoires comme Chypre ou d'autres îles plus petites sont encore aux mains des vénitiens, génois et autres romains. Les Mamelouks, menés par Tuman Beg, sont réputés comme étant des guerriers classiques : du genre à attaquer au sol, l'épée à la main...
Mais c'est quelque chose de très différent qui attend les Ottomans, au niveau du port de Smyrne. Ce dernier est réputé inviolable par la mer, et pourtant une flotte menaçante noircit l'horizon. Les Mamelouks sont aidés de machines étranges, qui ont une immense puissance de feu et qui défoncent les forteresses les plus inviolables. Smyrne est repris aux ottomans, et pas un de ces derniers ne survit à la bataille ce jour-là.
La nouvelle arrive bien vite aux oreilles du pape, Rodrigo Borgia, par les vénitiens et les génois qui ont eu la vie sauve. Il s'avère que la description des machines fait fortement penser à des inventions du fameux Léonard De Vinci, qui a quitté l'Italie quelques années auparavant, faute de crédits suffisants pour avancer dans ses recherches et dans ses oeuvres.
Le maître en question n'a pas renié sa religion, mais il est plus appâté par l'argent que par la foi. De Vinci attend particulièrement une chose de la part de Tuman Beg, c'est que Salaï, son disciple et accessoirement amant, soit libéré des prisons italiennes. Tuman Beg veut accomplir toutes les volontés de cet ingénieur de génie, étant donné toutes les victoires qui lui sont ouvertes grâce à ce génie. Mais dans le propre camp Mamelouk, on commence à s'indigner de ces manières de remporter les victoires, qui sont bien loin des pratiques ancestrales...
Cela part dans tous les sens avec ce douzième tome de Jour J, qui nous permet de rencontrer nombre de personnages célèbres, entre De Vinci, le pape Borgia, son fils César Borgia (qu'on a récemment eu l'occasion de découvrir dans Cesare, un manga très bien fait qui lui est consacré), mais également d'autres personnages comme Machiavel.
Le génie de De Vinci fait tourner ce tome, pour notre plus grand plaisir. Le personnage est tout de même présenté comme un homme attiré par l'argent, et par les jeunes garçons. Pour autant, force est de constater qu'on s'attache à ce récit, même sans disposer forcément des connaissances historiques réelles qui ont émaillé la période. Cela démarre pourtant difficilement, avec une première page qui a tout du cours d'Histoire soporifique.
Heureusement, les auteurs ont le talent nécessaire à ce que ce tome décolle bien rapidement, avec les dessins sombres d'Igor Kordey. Les scènes de batailles sont formidablement rendues (après tout, on a le dessinateur de Taras Boulba sur ce tome), avec de bons cadrages et une bonne utilisation des mouvements.
En somme, on tient là un des meilleurs tomes de Jour J, et il convient d'en profiter !