Les Chroniques de l'Imaginaire

L'usine à rêves (Dans la paume du diable - 1) - Mariolle, Mathieu & Duarte, Kyko

Le monde du cinéma a toujours été un monde à part. Y compris déjà en 1946, à Los Angeles. La grande vedette Howard Hughes a convié le tout Hollywood en grandes pompes, pour la projection de son nouveau film. Mais tout n'est pas si rose pour Hughes, qui a des intérêts dans des studios de production mouillés jusqu'à la moëlle dans des scandales. Hughes est obligé de lâcher un bon paquet de pognon pour pouvoir poursuivre son ascension. Et l'homme qui tire les ficelles n'est autre que Bugsy Siegel, un homme que tous les trafics attirent, et qui a déjà les mains bien sales...

C'est d'ailleurs Siegel que le FBI souhaite coincer, mais de manière tout ce qu'il y a de non officiel... L'homme en question contrôle tout (et même une ville qui commence à se construire dans le désert) et il serait impossible pour un policier de Los Angeles, même intègre, d'infiltrer les réseaux pour faire tomber Siegel. Alors, l'organisation dirigée par Hoover a décidé de faire dans l'inconnu. Un flic de l'Est, William Lawford, totalement inconnu à Hollywood.

Pourtant, Lawford a bien un passé dans cette ville : il est le fils d'un des plus gros producteurs de la ville. Un homme avec qui il a définitivement coupé les ponts il y a bien longtemps. En fait, le FBI a secrètement chargé Lawford de faire un film. Une telle couverture permettra de mettre plus aisément à jour les activités illicites de Siegel, mais Lawford refuse de profiter des facilités que pourrait lui apporter une réconciliation avec son père. Et puis, il y a Max, un vieil ami de Lawford. Max a un script qui pourrait donner le scénario du futur film. De quoi permettre à un ami de se lancer dans le métier, donc, en plus de coincer Siegel...

Mathieu Mariolle et Kyko Duarte nous plongent dans le Hollywood des années 40, pour notre plus grand plaisir : le livre a un côté rétro sur la forme, qui est délicieusement repris dans chacune des planches de ce premier tome. On y fait la rencontre de personnages charismatiques, dont ce jeune flic de Chicago, William Lawford, qui revient dans les paysages de son enfance, se confronter à son passé, afin de coincer une des plus grandes crapules de la côte Ouest.

Les rencontres y sont nombreuses et intéressantes, et les dialogues finement ciselés savent faire mouche avec beaucoup de panache. Graphiquement, Kyko Duarte a su soigner les ambiances hollywoodiennes, en mettant en valeur les starlettes ou les acteurs qu'on croise un peu partout. Les costumes et les looks des personnages sont soignés, ce qui est essentiel pour permettre au lecteur d'être en immersion dans l'époque. Les visages ont ainsi des expressions qui sonnent juste, et on aurait juste préféré un peu plus de détails encore dans les décors notamment.

En définitive, les auteurs signent là un premier tome intéressant et soigné, qui mêle une grosse enquête policière en marge de la légalité, et un monde du cinéma impitoyable qui flirte aisément avec le trafic de drogue, le jeu ou la prostitution : de quoi passer, vous l'aurez compris, un bien agréable moment en attendant la fin de ce diptyque !