Depuis des semaines, l'Hydre, le plus farouche guerrier des steppes mène son armée vers Kràk Khàlam, la cité millénaire bâtie jadis par son dieu tutélaire, la première ville du monde et, d'après les récits, fabuleuse pour ses trésors mais assiégée depuis des siècles. Sept générations d'exilés ont tenté de reprendre le contrôle de la ville et la huitième, dirigée d'un gantelet de fer par l'Assoiffée, est à quelques jours de faire trembler les murailles de Kràk Khàlam dans un assaut jamais vu auparavant.
La situation désespérée de la cité laisse présager une victoire facile mais sera-t-elle pour la reine des exilés ou pour le maître des Grandes Steppes qui souhaite ajouter un joyau à son territoire ?
La lecture de La guerre de l'Hydre m'a laissé sur ma faim et s'est révélée bien moins plaisante qu'attendue.
Commençons par les points positifs, ce dont ce roman n'est pas dénué. Sa principale qualité vient de son monde complet et détaillé. Ceux qui ont lu Le sacrifice du guerrier le reconnaîtront sans problème. L'univers de Martel donne, clairement, une impression de solidité et de durabilité à travers le temps. L'auteur a bien travaillé sur son bébé et cela se voit tout de suite, à la manière d'un roman historique documenté avec soin et patience. D'ailleurs, il se plaît à le mettre en valeur sous différents angles grâce aux points de vue différents de ses personnages.
Ensuite, l'idée du récit est très intéressante et ouvre de nombreuses portes dans la manière de le traiter et de le faire évoluer.
Malheureusement, après avoir lu quelques pages, j'ai vite déchanté. Le texte est incroyablement lourd à avaler, ça n'avance pas et on se retrouve sans arrêt dans des joutes verbales sans fin au style théâtral, voire ampoulé. Le récit manque de fluidité et souffre, également, de changements de personnages surprenants, peu clairs, et de scènes de combats confuses. Ce qui est étrange car ces dernières étaient particulièrement réussies dans les ouvrages précédents de Martel.
En outre, je pense que l'auteur, fier de son univers (véritablement brillant), veut trop le mettre en avant, au détriment de son histoire et des acteurs de celle-ci. Les personnages manquent de relief, ils font plus figure de pions que de véritables parties prenantes ayant une influence quelconque sur la trame. Ils sont transparents et ne possèdent pas le charisme nécessaire aux héros de ce genre d'épopée.
Il est difficile d'avoir de l'intérêt pour des protagonistes qui laissent totalement indifférent. Rhyan et l'Hydre font pâle figure. Seuls le Hardi Visiteur et l'Assoiffée sortent du lot mais demeurent dans des rôles assez convenus.
Enfin, ce roman pèche autant au niveau du scénario qui, malgré la très bonne idée de départ, devient vite prévisible que de la tension dramatique, inexistante. Cette histoire est plate et manque cruellement d'ambiance.
En conclusion, ce livre m'a déçu, je m'attendais à un récit de la trempe de Bloody Marie et je suis loin du compte.