Les Chroniques de l'Imaginaire

Comment j'ai vidé la maison de mes parents - Flem, Lydia

"Après la mort de nos grands-parents puis celle de nos parents, il n'y a plus personne derrière nous. Seulement, une double absence comme un terrible froid dans le dos."

L'auteur et narratrice a fait l'expérience du deuil de son père, puis de sa mère. Fille unique, il lui revient maintenant la lourde tâche de "vider la maison de ses parents". Que faire de cette vie entière de vêtements, de meubles, de vaisselle, de livres, de papiers, de souvenirs ? Comment mener ce travail à bien lorsque l'on se débat avec les sentiments contradictoires que suscite la mort de ses parents ? Pour Lydia Flem, la seule solution semble avoir été d'écrire. Tenter de mettre des mots sur l'indicible. Elle démêle avec une douloureuse acuité les fils de sa douleur : son chagrin, son impuissance, sa solitude, sa colère aussi. Son accablement devant l'incohérence de la situation : la voilà amenée à fouiller l'intimité de ses parents si secrets, la voilà propriétaire d'objets qu'elle a convoités plus jeune et qui ont perdu leur attrait en même temps que leurs premiers possesseurs.

On découvre au fil des pages la vie de cette famille. Fille de déportés, Lydia Flem souffre également du poids de son héritage historique, d'autant que ses parents ont toujours refusé de lui parler de leur expérience des camps de concentration, pour ne pas regarder en arrière, et la préserver. Hériter de leur maison va lui permettre de reconstruire, par petits bouts, leur douloureuse histoire.

Malgré la spécificité de la situation de l'auteur (fille unique et fille de déportés, avec tout ce que cela implique), son récit possède une résonance très universelle. Elle parvient de manière admirable à mettre des mots sur ce qui ne se dit pas, sur l’ambiguïté des sentiments que suscitent ce deuil et cet héritage. Cette justesse et cette lucidité trouvent peut-être leur explication dans la double casquette de Lydia Flem, qui est également psychanalyste.

Si Comment j'ai vidé la maison de mes parents vous a touché, sachez que ce récit s'inscrit dans une trilogie famililale composée de Lettres d'amour en héritage et Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils (éditions du Seuil).

Pour ma part, j'ai adoré et je vous conseille ce livre qui s'adresse aux orphelins que nous sommes ou serons tous un jour.