Les Chroniques de l'Imaginaire

La Vénus à la fourrure - Crepax, Guido

Alors que Wanda est étendue, nue, sur son lit et qu'elle se touche, Séverin, son mari, l'observe par le trou de la serrure. Lorsqu'elle en a fini, elle se vêt d'un manteau de fourrure et appelle Grégor pour le thé. Grégor, c'est Séverin, mais dans l'intimité. Comme il est en retard pour lui servir sa boisson, elle va lui demander de se déshabiller du bas et de se mettre à genoux. Elle pourra ainsi le punir comme il se doit.

Séverin a signé un contrat avec Wanda quand ils se sont mariés dans lequel il est stipulé que, tant qu'elle le voudra, Séverin sera l'esclave de Wanda. Du coup, la belle en use et abuse, emmenant son couple dans une relation très particulière où le plaisir passe par la douleur, qu'elle soit physique ou bien morale.

Guido Crepax adapte ici le roman de Leopold von Sacher-Masoch qui donnera plus tard son nom au masochisme et, par extension, au sadomasochisme. Il est difficile de comprendre quel plaisir peut être pris en se faisant humilier, blesser, meurtrir. Et il est tout aussi difficile de comprendre comment on peut éprouver du plaisir à faire cela à quelqu'un d'autre. Le plaisir dans la douleur que l'on inflige à l'autre… Mais n'est-ce pas aussi une preuve de totale confiance que de s'abandonner à ce point à quelqu'un ?

Crepax, avec son trait caractéristique, à la fois raffiné et détaillé tout en utilisant de grandes lignes tirées comme nerveusement, nous fait une nouvelle fois découvrir une oeuvre de la littérature érotique. Ça n'est jamais vulgaire ni trop cru, malgré le sujet. Il est clair que le public visé est plus orienté vers les amateurs de ces pratiques extrêmes, mais ceux qui suivent le travail de cet auteur sauront aussi s'y retrouver.

Une œuvre sans doute un peu à part, mais pas dénuée d'intérêt.