Les trois nouvelles contenues dans ce recueil jouent toutes avec le temps, mais sur des modes différents. Ainsi, dans La Carte, Marcel Aymé, inspiré par le quotidien de la Seconde Guerre Mondiale durant laquelle l'histoire a été écrite, imagine un monde où le rationnement imposé de temps de vie induit un marché noir nouvelle manière, et le développement d'une société à l'écart de la vie normale. Dans Un coup de tonnerre, Ray Bradbury met en place, non sans humour, les dangers liés au voyage dans le temps, en l'occurrence dans la préhistoire. Dans Chasseurs de vieux, Dino Buzzati revient au temps subjectif de la vie humaine, mais en montrant combien celle-ci passe vite et que jeunes et vieux, contrairement à ce que certains, à des moments divers de leur propre existence, pourraient penser, ne sont jamais que deux moments successifs de la même personne.
Le dossier, comme souvent dans cette collection, est très intéressant, d'une richesse remarquable, même si j'ai personnellement regretté l'absence de toute référence au récent Rien ne nous survivra, de Maïa Mazaurette à propos du texte de Buzzati, si je ne me suis pas étonnée que Stéphane Chomienne, l'auteur du dossier, semble ne pas connaître Crésudi dernier, de Paul van Herck, que m'a irrésistiblement évoqué la nouvelle de Marcel Aymé.
La présentation des littératures de l'imaginaire qui est faite est remarquable pour la précision dans la brièveté. C'est d'ailleurs une remarque générale à propos de cet ouvrage : j'admire vraiment la façon dont l'auteur a réussi à caser autant d'informations aussi fascinantes que pertinentes dans un volume aussi petit, à un prix aussi abordable. Pour des parents qui voudraient comprendre pourquoi leurs ados lisent des "mauvais genres", se rassurer, et pourquoi pas les aborder eux-mêmes, comme pour les profs qui ont le souci de replacer les genres en question dans une histoire de la littérature, c'est l'ouvrage idéal.
D'autant que le tableau de Paul Cézanne, extrêmement approprié, est commenté de façon vivante et passionnante par Pierre-Olivier Douphis.
En somme, un petit "pédagogique" incontournable.
