Les Chroniques de l'Imaginaire

La tristesse des anges - Stefánson, Jón Kalman

Neige, froid, brouillard, tristesse et désolation, ou volcans et geysers... Voilà à quoi on pense lorsqu'on évoque l'Islande. Alors oui, de la neige, il y en a dans les romans de Jón Kalman Stefánson, elle s'appelle même La tristesse des anges. Mais la désolation est compensée par la chaleur des gens qui arpentent les landes arides et peuplent le cœur froid du pays. Et l'espoir, l'envie d'apprendre et Shakespeare sont les nouveaux moteurs du gamin.

Après la mort de son ami navigateur dans Entre ciel et terre, le gamin quitte le bord de mer pour les terres, et rencontre des villageois qui vont le recueillir et panser ses blessures. Kolbeinn, le vieil aveugle, le force même à reprendre la lecture car il a besoin de quelqu'un pour lui lire Othello. L'enfant apprend à lire à haute voix et reprend goût à la vie. Une force nouvelle qui lui donne le courage de suivre Jens le Postier dans sa tournée vers les fjords du Nord.

De la poésie en prose, dans une langue simplement belle, voilà ce que nous offre l'auteur de ce pur joyau de la littérature qu'est La tristesse des anges. On pénètre dans un univers mystérieux où les morts racontent l'histoire ; un monde plein de charmes, bien que dur parfois, mais si tangible et magnifique que, par moments, on en a les larmes aux yeux.
« Il neige. Une charpie de flocons emplit la voûte du ciel et s'amoncelle sur le monde. Le vent est doux, les congères immobiles ; la mer, calme en surface, avale la neige sans relâche. Mais l'agitation persiste en profondeur après les tempêtes des derniers jours, une agitation qui complique la tâche aux navires pontés. Tout comme l'homme, l'océan possède une chair sous la peau et il lui faut du temps pour se remettre d'un assaut. Il est rarement possible de juger les choses à leur surface, qu'il s'agisse de la mer ou de l'être humain [...] » (p.92)
... Ou d'un livre. Alors, lecteurs, ne vous contentez pas de la pointe de l'iceberg, lisez La tristesse des anges.