C'est avec un grand plaisir que je retrouve le duo Hickman/Pitarra, dont j'avais plus qu'aimé le travail sur le one-shot Red Wing. Un récit qui m'avait scotché tant le scénario et le dessin étaient maîtrisés. Ainsi quand l'occasion de les retrouver s'est présentée j'ai bataillé sec pour les retrouver.
Le projet Manhattan a débouché sur la mise en uvre et à l'exercice de l'arme la plus mortelle qui soit, la bombe atomique. Mais il semblerait que des choses nous aient été cachées et que ce projet « top secret » n'était que la partie émergée de l'iceberg. Les différents scientifiques composant le Projet Manhattan sont présents ici afin de pousser leurs imaginations jusqu'à lextrême.
Le récit débute sur le recrutement du Docteur Oppenheimer, père de la bombe A. On le voit dans le bureau du général Leslie Groves, à la fin de l'entretien pour entrer dans le Projet Manhattan. Le recrutement d'Oppenheimer va transformer le Projet Manhattan en Projets Manhattan.
J'ai d'abord beaucoup aimé l'explication donné par Hickman pour présenter Oppenheimer. Le présenter en parallèle de son frère jumeau donne tout de suite une profondeur immense à ce personnage. Ces premières pages donnent tout de suite le ton sur qui est et sera ce personnage. Le fait de couper le récit sur les Oppenheimer en rouge et bleu, dont je tairais la signification, est magistrale.
C'est ensuite par le scénario dans son ensemble que ce comic m'a impressionné. Étant à la base très fan de science-fiction et plus spécialement de ce genre bien précis, l'uchronie ou réalité alternée, je me suis noyé dans ce récit dense et fabuleux. Le général est magnifique de caricature, fils de pasteur et armoire à glace notoire dont les armes sont aussi importantes que les médailles sur son uniforme. Il en devient attachant tant il est grotesque. La grande force dans ce comic est d'avoir un ton cohérent et presque plausible à cette histoire. En dehors des éléments fantastique qui jalonnent le comic, on y voit une histoire qui pourrait prendre sa place dans le réel. J'ai particulièrement aimé le clin d'oeil au Docteur Manhattan grâce au Docteur Daghlian, savant qui est mort à cause d'une mauvaise manipulation lors d'une expérience sur l'atome.
Cette cohérence est d'ailleurs renforcée une fois de plus par le travail sublime de Pitarra, qui est en train de prendre une bonne place dans ma liste de mes dessinateurs préférés. Le dessin est léché, simple et diablement efficace, renforcé par l'encrage absolument génial de Bellaire. On voit que Hickman et Pitarra sont en passe de devenir des maîtres dans les comics SF, les deux donnent un sentiment de maîtrise aussi bien dans le dessin que dans le scénario.
Bref je ne saurais trop vous conseiller l'achat, la possession, ou le prêt de ce comic. Vivement la suite, d'autant que la fin laisse présager une multitude de possibilités pour la suite du récit et je suis extrêmement curieux de voir où cela va mener.