Depuis la mort de sa femme dans un accident de la circulation, les problèmes de Jack se multiplient. Il boit de plus en plus et peine à garder de bonnes relations avec leur fils adolescent, Adrian. Les seules échappatoires de l'ex-flic sont la peinture et sa nouvelle relation avec Sarah, la galériste qui vend ses toiles. Adrian souffre de la perte de sa mère et de voir son père s'éloigner à son tour. Il se renferme de plus en plus sur lui-même, sèche les cours et s'offre de longues balades dans les bois. Ce vendredi, la promenade se teinte d'étrangeté : Adrian va trouver sur la neige un corbeau à la patte arrachée et un os humain... L'adolescent rentre chez lui avec ces deux trophées - l'os et une plume du malheureux volatile - sans en dire un mot à son père.
Dans un salon de coiffure masculin de la ville, Jeremiah Grazier, le propriétaire, et Joe Harris, son employé, discutent de la disparition d'une petite fille survenue trois ans auparavant et toujours non élucidée. Ils sont interrompus par un adolescent qui vient apporter un paquet à Grazier. Le barbier l'empoche avec précipitation après avoir sommé le gamin de ne plus revenir le livrer de jour. Il rentre chez lui retrouver Judith, sa furie d'épouse, agressive et héroïnomane. Commence alors le combat presque quotidien qui consiste à retarder le plus possible la prise de drogue de Judith. Un combat que Grazier ne cesse de perdre tant il est sous l'emprise de sa femme.
Sam Millar signe ici un polar très dur, à l'ambiance oppressante et plein de personnages tous plus antipathiques les uns que les autres. L'écriture est incisive, les dialogues agressifs, les scènes de violence si crues que le lecteur s'en prend plein la figure. Les personnages principaux se débattent tous dans un désespoir complexe et inextricable. Pas de place pour la beauté ni pour l'optimisme dans luvre de cet écrivain irlandais qui, nous apprend la quatrième de couverture, est un ancien combattant de l'IRA. Un peu trop bavarde d'ailleurs, cette quatrième de couverture qui nous révèle un fait qui ne se produira qu'au bout d'une centaine de pages...
Si Poussière tu seras est sans conteste très éprouvant à lire, il n'en reste pas moins un excellent polar. Son intrigue est remarquablement bien construite et le dénouement, qui fait froid dans le dos, est amené avec subtilité. Comme mentionné plus haut, le style de l'auteur est habile et très personnel. Sam Millar possède une vraie plume et une imagination torturée que les amateurs de polars noirs, très noirs, gagneront à découvrir.