Les Chroniques de l'Imaginaire

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Première partie (Millénium - 1) - Runberg, Sylvain & Homs, José

Après avoir perdu son procès contre Hans-Erik Wennerström, Mikael Blomkvist, accusé à tort de diffamation, décide de quitter Millénium, le journal qu'il a fondé. Contacté par Henrik Vanger, patriarche du riche groupe industriel du même nom, Blomkvist accepte d'enquêter sur la disparition de Harriet, sa nièce chérie disparue quatre décennies plus tôt.

Parallèlement, on suit la trajectoire de Lisbeth Salander. La jeune femme, pirate informatique chevronné, jongle entre ses problèmes personnels et son boulot de détective pour Milton Security. On lui a d'ailleurs demandé d'ouvrir un dossier sur Blomkvist.

En toile de fond de ces deux intrigues, on croise un homme qui, comme le dit le titre, semble vouer aux femmes une haine plus que féroce et leur fait subir les pires sévices... Le lien entre ces trois personnages ? Il faudra un peu de patience pour le découvrir, car cette bande dessinée constitue l'adaptation de la première moitié des Hommes qui n'aimaient pas les femmes, opus d'ouverture de Millénium, la célèbre trilogie de polars du suédois Stieg Larsson.

Une trilogie mondialement appréciée, adaptée deux fois au cinéma (aux États-Unis puis en Suède) et dont chaque tome est composé d'au moins six cent pages (sept cent dix pour le dernier)... voilà qui constituait un pari risqué pour une adaptation bd. Mais je ne vais pas vous faire mariner plus longtemps, il s'agit d'une véritable réussite. Ce premier tome couvre la moitié de l'intrigue du premier roman : de la démission de Blomkvist du journal Millénium à la découverte de sa première piste sérieuse sur la disparition de Harriet. Comme dans le roman, le rythme est parfaitement soutenu, avec l'alternance de scènes où l'on suit le journaliste et d'autres où l'on découvre la personnalité fascinante et torturée de Lisbeth Salander. Sur tout le tome plane une tension matérialisée par les quelques cases où l'on découvre les horribles agissements d'un tueur en série.

Quand on a lu les romans, il est vraiment fascinant de découvrir les choix scénaristiques de Sylvain Runberg. Tout en respectant parfaitement l'esprit de la trilogie, il a réussi à lui donner un rythme propre à une bande dessinée, si bien que l'on oublie presque tout de suite qu'on a affaire à une adaptation.

En feuilletant rapidement cet album en librairie, la couverture m'avait tapée dans l’œil, mais pas le graphisme intérieur. J'ai complètement révisé ce jugement au cours de la lecture. L'expressivité des visages est remarquable, et José Homs utilise avec talent les couleurs et les mouvements pour rendre l'atmosphère violente et oppressante des romans.

Ce premier album sera suivi par cinq autres (deux par romans) et je n'ai qu'une hâte : les avoir tous sous la main pour profiter pleinement de cette adaptation brillante.