Un jour, sans crier garde, les enfants commencèrent à mourir. D'abord une puis deux victimes puis des centaines, des milliers de jeunes furent touchés. On donna vite un nom à cette épidémie : NIAA ou neurodégénérescence idiopathique aiguë des adolescents. Elle affectait en général les enfants lors de la puberté, vers onze ans. Pourquoi ? Comment ? Nul ne le savait. Mais très vite, tous furent contaminés. Ceux qui ne succombaient pas développaient des pouvoirs spéciaux : télékinésie, manipulation mentale etc... Alors le gouvernement mit en place des structures d'accueil sous couvert d'aider la population mais en réalité, il créait des camps pour contenir les rescapés car ils faisaient peur. Là-bas, on les classait selon un code couleur correspondant à leur capacités, ou devrait-on dire leur dangerosité : vert, bleu, jaune,orange et rouge.
Lors de son arrivée au camp de Thurmond, Ruby, onze ans, découvre l'improbable réalité. Des jeunes tous en uniforme blanc avec une croix de couleur qui désigne leur statut. Elle réalise aussi très vite que si les Verts et les Bleus sont « libres », les autres sont entravés, le sort le moins enviable étant réservé aux Oranges, muselés comme des chiens. Lors du tri, elle est déclarée verte. Cinq années s'écoulent, dans la routine abrutissante et pesante du camp. Puis arrive le jour où tout change pour Ruby : une sirène qui la laisse k-o, un réveil face à une femme inconnue qui lui annonce être là pour l'aider à senfuir. Ruby saisit sa chance et découvre la vie au dehors.
Les insoumis nous plonge dans un monde où les jeunes sont devenus une menace ou tout du moins, c'est ce que les adultes ont décidé. Parqués dans des camps, l'avenir leur est fermé. Nul espoir n'est permis. Mais même dans les heures les plus noires, des individus luttent et cherchent à retrouver ce qu'ils ont perdu. La résistance s'organise. Mais attention à ne pas devenir pire que ses tortionnaires.
On suit le parcours de Ruby. Très vite, on devine qu'elle porte un lourd secret, qui sera révélé petit à petit. C'est une jeune fille solitaire et touchante. Au gré des rencontres, elle va se révéler et surtout accepter qui elle est. Je lui reprochais peut-être un côté trop posé, trop réfléchi. Contrairement aux héroïnes féminines en cours ces derniers temps, elle pèse chacun de ses actes et parfois, on a envie de lui hurler « mais fonce ! ».
On connaît peu de choses sur le virus et l'auteur choisit de nous laisser dans le flou. On vit vraiment les choses du point de vue de Ruby, narratrice à la première personne du récit. On pourra se demander pourquoi la population adulte semble accepter si facilement la situation mais l'histoire n'a-t-elle pas montré que les horreurs les plus innommables pouvaient se dérouler à côté de nous sans qu'on réagisse ?
C'est un premier tome très réussi, prenant, qui prend le temps de poser son personnage et la situation. On vit lhorreur des camps, le poids de la différence, la difficulté daccepter de changer, l'amitié et l'amour aussi. L'auteur ne se gêne pas pour retourner la situation quand on l'attend le moins. J'ai refermé ce livre avec une seule envie : vite, la suite !