Udo Berger, champion d'Allemagne de wargames, et particulièrement bon au Troisième Reich, un jeu de plateau, part en vacances en Espagne avec sa compagne, dans l'hôtel où il avait l'habitude de séjourner en famille dix ans plus tôt. Sur place, ils font la connaissance d'un autre couple d'Allemands, Hanna et Charly. Celui-ci est assez lié avec une paire d'Espagnols louches, et boit beaucoup.
Pendant qu'Ingeborg, sa compagne, est à la plage ou en promenade avec l'autre couple, Udo reste la plupart du temps dans sa chambre, à élaborer la variante à propos de laquelle il doit écrire un article. Il est néanmoins fasciné par la patronne de l'hôtel, mais surtout par le Brûlé, un homme gravement brûlé qui gère une flottille de pédalos, et à qui il va apprendre à jouer au Troisième Reich.
Les contours de la réalité se délitent de plus en plus pour les personnages au fur et à mesure de l'avancée du roman, et c'est bien perceptible pour le lecteur, qui par moment ne sait plus si ce qui est raconté est survenu dans la réalité du personnage (ou dans l'Histoire telle que nous la connaissons) ou dans ses rêves, Le protagoniste principal perd pied de plus en plus, notant les phases de la guerre de la même façon que les jours du mois, et accordant autant de confiance à ses rêves et à ses soupçons qu'aux faits de la vie quotidienne. Peu à peu s'installe une étrangeté inquiétante.
Parallèlement, on assiste à sa désaffection progressive pour les ressorts du jeu, pendant qu'il est de plus en plus fasciné par son partenaire. D'une certaine façon, on peut aussi lire le roman comme le journal d'une désintoxication.
En somme, c'est bien écrit et intéressant, même si je l'ai souvent trouvé long.
