Les Chroniques de l'Imaginaire

Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? - Berrouka, Karim

Alors qu'elle est prise dans le feu de la guerre, à Falloujah, Amelle va être sauvée par un "homme". Un homme fait des rencontres impossibles dans le métro qui vont musicalement changer sa vie. L'inspecteur M et l'inspecteur D vont devoir faire appel à un vieux traqueur pour résoudre une affaire de meurtres sauvages. La Dame Blanche fait de l'auto-stop et est donc confrontée aux plus beaux spécimens que comprend notre société. Un "homme" enterré tente tant bien que mal de créer de nouvelles créatures, mais il doit lui manquer un élément essentiel. Jack n'est pas du genre lève-tôt et travailleur mais il va lui falloir se bouger le derche pour accomplir les épreuves qu'un homme lui a concocté pour qu'il puisse passer à l'âge adulte. Les hommes ont peur des fées et les emprisonnent pour que leurs villes puissent être éclairées ; mais un petit garçon va amorcer un changement radical dans cette vie de haine. Quand trois nains viennent vous voir pour retrouver leur trésor, il y a peut-être moyen de se faire pas mal d'argent, à condition de ne pas être trop gourmand. Les ombres aiment à faire leur spectacle sous les ordres de leur maître et sous le regard des fantômes spectateurs ; mais attention à ne pas vouloir trop être dans la lumière.

Voici, en substance, ce que le lecteur pourra retrouver dans ce recueil de Karim Berrouka. Neuf textes, dont deux inédits, qui nous embarquent dans l'univers de cet auteur. Et cet univers est vaste et multiple. Il est tout aussi bien capable de nous faire rire par des textes plus légers (Concerto pour une résurrection, Jack et l'homme au chapeau), de nous embarquer dans une enquête au cœur du glauque (Elle) que de nous inviter dans un univers délicat et poétique (Le Siècle des lumières). Karim Berrouka a vraiment une multitude de styles qu'il aime à nous faire partager. Par contre, quelle que soit sa manière d'écrire, on retrouve toujours l'exigence de l'écriture ; on n'a pas l'impression qu'il cède à la facilité, même lorsque le texte est plus léger ou humoristique.

Je ne suis pas certain que L'Histoire commence à Falloujah était le bon choix en ouverture de ce recueil. Personnellement, je n'ai pas accroché au style, haché, impersonnel. Heureusement, je connaissais déjà l'auteur et je savais que j'allais découvrir d'autres choses par la suite. Le texte n'est pas mauvais, mais il n'est pas forcément représentatif de la suite et peut donc donner une mauvaise image de ce qu'on peut découvrir. Par contre, Concerto pour une résurrection est un excellent exemple des histoires loufoques qu'est capable de nous pondre Karim. Un exemple : "Il a juste dit que cette année-là le rock'n'roll venait d'ouvrir ses ailes. Je lui ai répondu que j'avais plus d'appétit qu'un barracuda. Je ne sais pas pourquoi." Débile, oui, mais j'ai beaucoup ri. Et oui, c'est une histoire très musicale. C'est le genre de texte que Karim m'avait habitué à lire à l'époque où j'ai créé le fanzine Eclats de Rêves. J'adore.

Le Siècle des lumières est un texte de l'époque des éditions de L'Oxymore. C'est léché et puissant, envoûtant. Elle est une enquête mais avec un découpage réfléchi et percutant ; une plongée dans le malsain sans en faire des caisses. Humour, histoire, conte, modernité, le recueil de Karim Berrouka est tout ça, et bien plus. Je ne peux que vous invitez à le découvrir. Par contre, si vous pensiez en apprendre plus sur lui grâce à l'interview qui se trouve à la fin de l'ouvrage, vous allez être déçus. Karim reste égal à lui-même et y dit beaucoup de conneries.