Comme il m'a tardé d'avoir en main ce comics, que j'attendais depuis vraiment longtemps. Je me souviens en avoir feuilleté quelques pages étant plus jeune lors de vacances en Angleterre. Un petit soupçon de grosses bagarres et de super-pouvoirs venus d'on ne sait où avec de grosses références aux hardboiled fictions façon Dashiell Hammet. Alors j'attendais l'édition de ce comics en France et les éditions Delcourt l'ont enfin fait. Avec une certaine classe, si je peux rajouter, car l'édition est vraiment belle avec un beau papier glacé et une longue interview des deux auteurs à la fin. Je ne prenais pas beaucoup de risques à chroniquer ce comics car vu le talent de Joe Casey sur la série Haunt et le magnifique travail de Charlie Adlard sur la non moins formidable série Walking Dead, je pouvais être confiant.
Cameron Daltrey est un agent de probation spécialisé dans les criminels un peu spéciaux. Il traque les criminels qui ont des super-pouvoirs. Mais Cameron a aussi un autre job : la nuit venue, il enfile son masque au code-barre, un justicier aux méthodes certes expéditives mais diablement efficaces. Sauf que ses deux jobs ne lui permettent en aucun cas d'avoir une vie amoureuse digne de ce nom et il se fait donc plaquer par sa chérie.
Autant le dire tout de suite, je me suis laissé assez vite prendre par le récit de ce comics. Il fait, pour moi, une jonction parfaite entre les codes du roman noir, tel que je l'affectionne, et les codes du comics. De plus, c'est une jolie réédition qui entre nous n'a lieu d'être que par le succès de Walking Dead dont Adlard est le dessinateur, et qui serait totalement passée inaperçue aux yeux du grand public sans cela. Sauf que Walking Dead aidant,
On a véritablement affaire à une très bonne histoire, bien racontée, avec quelques omissions et égarements certes, comme notamment le fait qu'on ne sait pas pourquoi une frange de la population possède des super-pouvoirs, ni la signification du code-barres sur le masque du héros, mais ceci dit j'apprécie la qualité d'un livre par l'histoire qu'il me raconte mais je l'aime encore plus quand il me permet de projeter mon imagination dedans. Et là au moins on arrive à rêver d'écrire un scénario racontant le masque ou les super-pouvoirs. Et ça j'aime.
Ce comics vaut pour l'originalité de sa narration et de son scénario. Le ton donné est particulièrement jubilatoire et la qualité de ce ton devient magnifique par certains côtés. Je ne saurais trop vous conseiller la lecture du chapitre huit : la narration et le dessin y sont coupés en deux afin de montrer la beauté des deux. On peut y découvrir une lettre destinée à l'amoureuse de Cameron dans laquelle il lui explique son deuxième travail, tandis que les dessins racontent une toute autre histoire, plus violente et plus en adéquation avec le travail de Codeflesh. On y voit une certaine schizophrénie du personnage entre la brute épaisse et l'homme au grand cur cherchant désespérément à faire revenir sa chérie.
C'est là où il faut saluer le travail de Adlard. Ses dessins sont beaux une fois de plus, c'est fluide et dense et son style est reconnaissable, surtout si vous suivez la série Walking Dead. Les cases sont très bien coupées et le dessin est puissant mais n'écrase en rien la narration. Un travail d'artiste qui donne encore une fois plus d'épaisseur à ce comics.
Bref, une vraie bonne surprise et une grande satisfaction de pouvoir enfin avoir ce comics dans ma bibliothèque.