Nous sommes en 1435, cinq ans après la défaite de Jeanne d'Arc aux portes de Compiègne, qui lui a valu le bûcher. Cette défaite a encore un goût bien amer pour beaucoup, à commencer par Xaintrailles et Etienne de Vignolles, les deux anciens bras droits de la Pucelle, qui ont bien mal tourné depuis. Les deux hommes sont surpris lorsque la reine en personne vient les voir avec une forte somme d'argent : il se murmure de plus en plus à la cour que Jeanne d'Arc a été trahie. Et la reine tient maintenant à savoir par qui...
Pour cela, ce sont les deux anciens lieutenants qui doivent maintenant mener l'enquête, en commençant par interroger le seigneur de la Trémoille, un homme qui n'a jamais caché son opposition aux idées de Jeanne d'Arc à l'époque où elle était en vie et très influente pour de nombreux hommes. Mais l'interrogatoire tourne court, lorsqu'un message est délivré par un mystérieux cavalier qui, déjà, s'enfuit au loin. Les deux hommes font à l'évidence fausse route avec ce seigneur.
C'est dans la vallée de la Durance que l'enquête se poursuit, avec l'archevêque Regnault de Chartres. L'homme est pris au piège en devant se confesser devant Xaintrailles et Etienne de Vignolles. Mais pour autant, une nouvelle fois, un mystérieux message surgit et écarte les deux enquêteurs de la nouvelle hypothèse. Rapidement, tous les messages semblent bel et bien incriminer Gilles de Rais, un homme puissant, seigneur du château de Tiffauges.
Bien évidemment, l'enquête est loin de se dérouler comme prévu, lorsque c'est Eric Corbeyran qui est au scénario. Dire que le scénariste est quelqu'un de prolifique serait depuis bien longtemps un doux euphémisme, mais encore une fois, il suffit de s'intéresser à tout ce qui est estampillé à son nom dans les sorties actuelles pour être quand même encore bien surpris, entre le premier tome de Aniss et le dernier tome de Zodiaque et son serpentaire, c'est avec plaisir et surprise qu'on voit arriver un tome qui parle d'Histoire, un univers encore totalement différent.
De plus, Corbeyran a déjà bien sûr travaillé avec un nombre impressionnant de dessinateurs, et il est fréquent que ces collaborations soient renouvelées. C'est le cas ici avec Horne, dont on a déjà pu admirer le travail avec des grands aplats sombres dans La métamorphose, de Franz Kafka, chez le même éditeur. Ici, l'occasion nous est donnée de voir aussi de somptueux panoramas, sur la ville de Compiègne, ou encore sur certains magnifiques châteaux de la Loire.
Les grands aplats sombres sont encore de mise dans ce tome, et il faut bien reconnaître qu'ils mettent parfaitement en valeur cette histoire plutôt sombre. Les expressions des visages y trouvent une luminosité exacerbée, qui leur donne un réalisme et une crédibilité tout à fait saisissants.
Un second tome parfaitement réussi et maîtrisé de bout en bout donc, qui ravira à la fois les amateurs d'Histoire et ceux qui s'y intéressent de plus loin : une très belle enquête moyenâgeuse en tout cas !