Les Chroniques de l'Imaginaire

La griffe et le sang - Larzem, François

La Transylvanie : une terre riche et verdoyante, où la vie est douce. Du moins était-ce ainsi que l’imaginait le père de Mina, qui aurait voulu y emmener sa famille. Maintenant qu’il est mort, assassiné par des pillards, Mina et sa mère n’ont d’autre choix que d’essayer de réaliser son rêve, pour échapper à la guerre qui approche.

Malheureusement, la Transylvanie ne se révèle pas aussi accueillante que prévu. Les deux Tsiganes solitaires ne récoltent au mieux qu’intolérance et mépris. Elles s’installent pourtant dans une petite vallée des Carpates. Elles y font la connaissance de Viorel, un troublant mercenaire qui leur apporte sa protection.

Mais les rêves de Mina sont troublés, visités par un guerrier à l’armure écarlate qui se présente comme Vlad Tepes. Un nom qui est loin d’être inconnu dans le village où Mina a trouvé refuge, puisque c’est celui du cruel Seigneur Drakul, disparu depuis trois siècles, dont on dit qu’il est immortel et qu’il continue à hanter la région en quête de vengeance. Le sombre guerrier encourage Mina à douter et à se poser des questions sur son passé. Et bientôt, la violence se déchaine dans la vallée…

L’aspect fantastique de cette histoire se met en place très doucement, laissant d’abord le lecteur s’imprégner de l’atmosphère. Dans les campagnes de la Roumanie du dix-huitième, les mythes et légendes exercent encore une certaine influence sur le peuple. Certains – ceux qui viennent des villes, par exemple – restent sceptiques et mettent en doute la véracité de ces croyances ; mais la plupart des campagnards craignent les sorcières, portent des armes d’argent pour tuer les garous ou de l’ail pour éloigner les nosferatus.

Au fil des pages, ce côté fantastique devient de plus en plus présent, et nier l’existence des créatures de l’ombre devient de plus en plus difficile. Le récit tourne plus sanglant, plus dur. Depuis quelques années, la mode veut que les histoires de vampires présentent également des loups-garous, c’est effectivement le cas ici. Par contre, l’auteur n’a pas cédé à cette autre mode voulant que beaucoup de ces créatures de la nuit soient devenues « gentillettes », aussi douces et pacifistes que possible : ici, ce sont de vrais monstres auxquels on a affaire ! D’où une atmosphère glaçante plus proche d’un thriller que d’un livre de bit-lit.

Le style est agréable et on a plaisir à suivre le quotidien de Mina. J’ai trouvé la fin un peu trop vite expédiée, la confrontation finale me semble bâclée et aurait mérité un plus long développement. Cependant, c’est dans l’ensemble une lecture intéressante qui, outre le public de jeunes adultes visé par la collection, pourra séduire également un public un peu plus âgé pour peu qu’il soit amateur de fantastique assez sombre.