Les Chroniques de l'Imaginaire

Crépuscule (Le sang des Porphyre - 6) - Balac & Parnotte, Joël

Hermine est en plein duel, dans le château des Rothéneuf des environs de Saint-Malo. La pluie fait rage, et la jeune femme, bâtarde du vieux Rothéneuf, est fortement désavantagée par rapport à son adversaire : la poignée de sa lame est rouillée, et chaque mouvement est un supplice pour la main d'Hermine. Encore un coup d'Oscar et Phoebe, les descendants Rothéneuf, qui attendent avec avidité l'héritage avec la mort prochaine de leur père. Mais Hermine est la plus forte, et son adversaire, qui connaissait toute la vérité concernant Aurore, est envoyé dans l'autre monde.

Mais le vieux Rothéneuf n'est pas dupe. Il continue à douter de la vraie ascendance d'Aurore (qui n'est en réalité autre que Soizik, une pauvre fille ramasseuse de varech !) et finit par convoquer pour la seconde fois Josepha, une voyante qui est censée faire appel aux esprits des défunts. Aurore redoutait la première confrontation, et elle redoute encore plus celle-ci : elle sait que si elle est découverte, elle finira déchiquetée par les molosses de Rothéneuf.

Mais durant la séance de spiritisme, et alors que la première était honteusement truquée, le vrai spectre de Hyacinthe Porphyre en personne apparaît, et fait des révélations stupéfiantes sur le passé du vieux Rothéneuf, qui change tout quant à la bâtardise d'Hermine... Le vieux Rothéneuf tue de sang froid la voyante et, fou de rage, fait sortir toute sa famille de la pièce. Le jeu des héritages est une nouvelle fois bien chamboulé, mais pour autant, une séance de spiritisme ne constituera jamais un acte qui convaincra le sérieux des juges.

C'est avec une séance de spiritisme que se conclue cette série qui fleure bon la Bretagne, imaginée par Balac (qui est en fait, rappelons le, Yann, le prolifique scénariste qui a notamment officié sur les débuts de Sambre, avec Yslaire). Les dessins de Parnotte sont toujours aussi précis, avec de beaux aplats de noirs qui font ressortir la haine ou la surprise, dans les expressions des protagonistes.

Les personnages sont ainsi toujours aussi convaincants, charismatiques, et avec une personnalité à fleur de peau, bien travaillée par l'auteur. Des scènes d'action parsèment encore une fois le tome, en bénéficiant d'une bonne mise en mouvements qui rendent les combats parfaitement crédibles.

Au niveau du récit, les planches défilent à une bonne allure, tant on est pris dans ce tome qui constitue donc la conclusion de la série. Le Sang des Porphyre est une série qui conte la rivalité qui existe depuis plus d'une génération entre deux familles, et les derniers secrets sont ici bien évidemment révélés, avec tout le talent d'un scénariste qui est bien loin d'en être à sa première histoire. Une très belle conclusion pour une série qui ne l'est pas moins !