Les Chroniques de l'Imaginaire

Le dernier loup-garou (Le dernier loup-garou - 1) - Duncan, Glen

« C’est officiel. Tu es le dernier. ». Avec ces paroles, Harley espérait réveiller son protégé, raviver son envie de vivre et d’échapper aux tueurs de loups-garous de la Chasse. Mais après près de deux cent ans de vie, Jake Marlowe est un rien détaché : depuis longtemps, il traîne sans but à travers l’existence. Il accueillera la mort avec soulagement. Même la peine qu’il sait qu’il va infliger à son vieil ami et familier n’est pas une motivation suffisante.

Pourtant, Grainer ne l’entend pas de cette oreille. Le riche chasseur s’est réservé cette proie exceptionnelle, dont la mise à mort doit être son dernier coup d’éclat. Quel intérêt si Marlowe se rend sans combattre ? Il va donc essayer de pimenter le jeu. Jeu qui va également se complexifier par l’apparition d’autres joueurs aux buts mystérieux et incompatibles.

Désabusé, fatigué, cédant à l’alcool et aux cigarettes, pratiquant le sexe tarifé… : Jake Marlowe est bien loin des vampires de bit-lit modernes sexy et héroïques. Il rappelle plus les paumés que l’on peut trouver dans des romans noirs. Il a ses raisons. D'abord, depuis le temps, il a tout fait, tout vu, il est donc complètement blasé. Et puis surtout, la Malédiction du loup-garou, qui le change en monstre sanguinaire à chaque pleine lune et le pousse chaque fois à massacrer un humain, n’est pas un état facile à vivre. Elle engendre un certain mal-être, d’autant plus important qu’il n’a aucune âme sœur avec laquelle partager vraiment ce qu’il est. Malgré tout cela, Marlowe est profondément sympathique pour le lecteur qui va s’attacher à ses pas.

Le récit est fait à la première personne par Marlowe, c’est son journal intime dans lequel il se livre sans complaisance. Il y intègre également des réflexions plus ou moins philosophiques (sur l’état de la société aujourd'hui par exemple) mais aussi nombre de références historiques ou culturelles qu’il associe aux années passées, aux lieux visités. Cela enrichit le texte, mais noie un peu l’action, la diluant dans un verbiage qui m’a parfois lassée.

L’histoire est globalement découpée en trois parties aux tons très différents : la première lune est celle de la résignation, la deuxième celle de l’inattendu qui change la donne, la troisième celle du combat. Pour ma part, j’ai largement préféré la première partie, trouvant que la suite traînait trop en longueur. J’ai beaucoup aimé explorer l’âme d’un Marlowe au bout du rouleau mais cependant éminemment intéressant.

Dans l’ensemble, c’est donc une lecture agréable et intéressante, revisitant le mythe du lycanthrope en lui redonnant le côté sombre qui est historiquement le sien.