Melniboné, l'Île aux Dragons, abrite dans son cur, Imrryr, la Cité qui Rêve, les seigneurs qui règnent sans partage sur les Jeunes Royaumes depuis des millénaires. Leur puissance ainsi que leur magie sont légendaires, au moins autant que leur cruauté. Sadric l'Impitoyable sema la graine de celui qui apporterait le changement à Melniboné. Elric, son fils, naquit albinos en tuant sa mère. Aujourd'hui adulte, il règne sur ce monde à part qu'est celui des melnibonéens. Ils considèrent les humains à peine mieux que des animaux et ils sont pour eux autant de distractions que des objets de décoration. Yyrkoon est le cousin d'Elric, et le frère de l'épouse du souverain, Cymoril. Il convoite le trône qu'il trouve indigne de son cousin. Parce qu'Elric a le corps malade et préfère donc des distractions plus cérébrales que des joutes guerrières. Yyrkoon provoque souvent Elric, le met au défi de réaliser telle ou telle prouesse pour démontrer à son peuple qu'il est bien l'empereur qu'il devrait être : impitoyable tout comme l'était son père et fort pour envoyer un message sans équivoque à ses ennemis. Mais Elric, soutenu par son épouse, ne cède que rarement aux caprices de son cousin. Ce jour-là, Dyvim Tvar, le maître d'arme et seigneur des dragons, vient annoncer une nouvelle : des espions ont réussi à pénétrer dans Imrryr. Peu, seulement trois, mais cela inquiète. Imrryr est en effet protégée par un labyrinthe infranchissable. Elric souhaite rencontrer les espions avant que le docteur Jest n'en ait terminé avec eux et leur interrogatoire.
Il fut un temps, quand je jouais au jeu de rôle Stormbringer, où je connaissais les Jeunes Royaumes par cur. Les aventures d'Elric et celles des autres Champions Éternels m'accompagnaient régulièrement. Mais je n'ai jamais oublié cette inventivité que l'on devait à Michael Moorcock. Aussi, quand les éditions Glénat annoncèrent la parution d'une adaptation française de cette grande quête de fantasy, j'en salivais d'avance. Et j'avais bien raison !
Quelle adaptation ! C'est sombre, beau, violent, décadent, envoûtant, pervers et répulsif tout ça en une histoire qui ne tient que sur 46 pages ! Julien Blondel a voulu une adaptation fidèle à l'ambiance sombre de la saga. Ce premier tome ne se déroule qu'à Melniboné et donc, nous sommes dans un univers glaçant. Ceux qui ne connaissent pas encore l'univers de Moorcock risquent d'être très surpris. On est très loin de la fantasy "gentille" que l'on peut lire un peu partout. Non, c'est quelque chose de noir et atroce, mais captivant.
Mais le scénario ne peut tout faire dans une telle adaptation. Il faut un dessin à la hauteur de la démesure de l'univers. Ici, nous avons le droit à un trio de dessinateurs. Didier Poli assure le crayonné. Robin Recht vient encrer les planches avec son style plus impulsif. Enfin, Jean Bastide repasse sur les planches pour améliorer ce qui peut l'être tout en les colorisant. Ce travail à six mains donne un résultat époustouflant. Et pour ne pas tergiverser pendant des heures, la première planche donne tout de suite le ton : démesuré. On pense à Druillet par moment, et on a bien raison puisque les auteurs ne se cachent pas de s'être inspiré de sa propre adaptation d'Elric pour réaliser celle-ci. Mais les auteurs ont aussi fourni un travail propre pour arriver à cette version qui, au vu de la préface, est celle que le créateur Moorcock en personne trouve la plus fidèle à l'esprit, tout en y incorporant des éléments qu'il valide et auxquels il aurait bien aimé penser lui-même.
Je pense que vous aurez compris que pour les amateurs de la saga originale, cette adaptation est un passage obligé sous peine de subir les pires sévices que les esprits melnibonéens sont capables d'inventer.
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