En arrivant en avance au travail, une bibliothécaire trouve un usager endormi dans les rayons. Elle le réveille et se met à discuter avec lui. A monologuer plutôt. Tout y passe : ses aspirations de jeunesse, son parcours professionnel avant d'arriver dans le sous-sol miteux (rayon géographie) de cette bibliothèque municipale, la classification décimale de Dewey, ses goûts en matière de lecture, ses amours déçues, sa solitude, son béguin pour un jeune chercheur qui vient plusieurs fois par semaine mais ne l'a jamais regardée...
J'ai lu beaucoup de critiques positives de ce court roman. Étant moi-même bibliothécaire, je pensais avoir de bonnes chances de me rallier à l'avis général. Ça n'a malheureusement pas été le cas. Ce pauvre lecteur qui s'est laissé enfermer dans la bibliothèque, comme je le plains ! Subir dès le réveil le monologue d'une vieille fille au bord de la névrose... ça n'a pas dû être le meilleur moment de sa vie. Les critiques et la quatrième de couverture s'accordent pour vanter l'humour contagieux du texte de Sophie Divry. Je me suis ennuyée. Certains passages m'ont même franchement agacée. J'ai trouvé cette femme - qui ne jure que par Maupassant et les livres d'histoire et crache sur la littérature "facile" - insupportable, élitiste, condescendante. Une vraie caricature de bibliothécaire... C'est peut-être ce qui m'a le plus agacée, parce qu'elle donne une image négative et tranchée de mon métier, à mille lieux de ma réalité professionnelle.
La cote 400 a quand même pas mal de qualités qui m'incitent, si le sujet vous intéresse, à ne pas prendre mon avis pour argent comptant. D'abord, c'est très bien écrit, dans un style nerveux qui facilite la lecture (même si cette plume m'a rendu le personnage encore plus antipathique). Ensuite, Sophie Divry glisse, au fil du texte, des réflexions intéressantes sur la lecture publique et plus généralement sur toutes les problématiques liées au livre. J'ai également aimé sa manière simple et drôle d'expliquer le système de classification décimale de Dewey (la "bible" qui permet aux bibliothécaires de ranger les documents par grandes classes de savoirs). Et l'ironie qu'elle glisse dans ce titre : la cote 400 est celle qui est réservée aux langues et on peut dire qu'elle s'active, la langue de cette bibliothécaire...
Bref, je n'ai pas aimé La cote 400, mais je comprends pourquoi d'autres ne sont pas de mon avis... Il vous faudra le lire pour vous faire votre opinion !