Ancien professeur de littérature à l'université de Strasbourg, Hugo a décidé de changer de voie. Il prépare un doctorat en philosophie et vient d'obtenir un congé sabbatique pour finaliser sa thèse consacrée à Dionysos. Sur les conseils de son ami et maître de thèse, il compte le passer en Allemagne, au cur de la Forêt-Noire, près de Göttenberg dont la bibliothèque renferme de nombreux ouvrages essentiels à son travail. Il n'est pas seul, sa fille Morgane de seize ans l'accompagne.
Pour l'heure, ils roulent en direction du chalet qu'Hugo a loué. Le soleil commence à se coucher et Morgane a de plus en plus de mal à les situer sur la carte. Il semblerait que la route sur laquelle ils circulent n'existe tout simplement pas. C'est alors qu'ils manquent d'emboutir un cerf ou du moins une créature cauchemardesque qui y ressemble vaguement. Hugo pense avoir rêvé puisque celui-ci disparaît aussi vite qu'il est apparu mais Morgane tremblante de peur lui avoue l'avoir vu aussi.
Hugo et sa fille ne se doutent pas qu'ils viennent de mettre un pied dans un lieu où le mythe et les légendes deviennent réalité et qu'ils ne sont qu'au début de leur surprise.
Sébastien Péguin, enseignant de formation, nous offre un conte fantastique où l'horreur la plus brute côtoie la philosophie, la mythologie et la théologie.
On sent très nettement la patte de lenseignant. Le travail de recherches est très pointu et le texte s'émaille de nombreuses références mythologiques ou religieuses. Si lauteur maîtrise l'aspect culturel et didactique, il est également diaboliquement performant lorsque l'horreur et le macabre sont au rendez-vous. Certaines descriptions n'ont rien à envier aux grands maîtres du récit horrifique.
Ce roman est multiple : récit d'horreur, essai théologique et philosophique, histoire d'une relation entre un père et sa fille adolescente. Le rythme peut paraître assez lent, l'auteur prenant le temps de poser son décor et surtout d'expliquer sa théorie. Ceux qui aiment aller au fond des choses, découvrir tous les aspects d'un concept où se mêlent légendes allemandes, mythologie nordique et références bibliques seront ravis.
Moi, j'ai trop ressenti la patte professorale de l'auteur. Certains passages sont très longs et complexes. Si des passionnés du sujet y trouveront leur compte, j'ai surtout eu l'impression d'assister à un cours magistral sur un sujet que je ne maîtrise pas et qui ne m'intéresse guère. D'ailleurs, je pense que sans un solide bagage sur les théories développées dans ce livre, il est difficile de comprendre la passion qui anime les personnages par moments. Mon intérêt était réveillé lorsque l'horreur se manifestait mais cela était trop bref à mon goût.
Jajouterais également un petit bémol quant à l'utilisation d'une police de caractère bien particulière lorsqu'un des personnages s'exprime. Elle est très difficilement déchiffrable et nécessite de bons yeux. Heureusement, on la trouve très peu mais cela reste gênant.
En bref, un récit bien écrit, à lintrigue maîtrisée mais trop didactique à mon goût. J'aurais aimé que mes tripes soient plus sollicitées que mes neurones, surtout que l'auteur excelle dans le domaine de lhorreur la plus gore.