Un polar annoncé comme hilarant par Jonathan Kellerman en personne, cest du moins ce que lon peut lire sur la couverture. Appréciant beaucoup les romans de cet auteur, je me réjouissais à lavance. Je mattendais à un texte aussi amusant que ceux de Nadine Monfils mettant en scène Mémé Cornemuse. Hélas, jai vite déchanté, ce roman aurait aussi bien pu sintituler Bienvenue chez les Ploucs. Le Vermont nest déjà pas lendroit des Etats-Unis que je rêvais de visiter, mais après cette lecture, je dirais que cest un endroit à fuir absolument, sauf si lon désire périr dennui.
Denny, journaliste spécialisé dans le modélisme ferroviaire a un accident de voiture alors quil rentre à Chicago après avoir visité une installation dans le Vermont. Denny est obèse, prétentieux, antipathique et bavard au possible. Son accident est ridicule et la voiture se retrouve plantée dans un tas de neige comme on peut le voir sur la couverture du livre. Il nest pas blessé et deux habitants du coin le conduisent dans un hôtel de la région après le constat. Le dialogue entre Denny et les policiers chargés du constat se veut rigolo, mais il tombe à plat. Une fois à lhôtel, une femme ivre entre dans sa chambre et va dans le jacuzzi, elle envoie Denny acheter des préservatifs. Lorsqu'il revient, elle nest plus dans la salle de bain et la chambre a été saccagée, mais il ne sen alarme pas. Il dort tranquillement et se rend le lendemain à laéroport. Là il est appelé au comptoir et voit deux policiers qui semblent lattendre. Il saffole et cherche à senfuir. Mais lun des policiers, Nick, le reconnaît comme son ami Homer. Denny profite de la méprise et devient aussitôt Homer, qui a disparu depuis trois ans sans laisser de trace ni donner de nouvelles. Le coéquipier de Nick, Lance, prend tout de suite Homer en grippe et lui fera bien des misères. Denny sinstalle dans la vie dHomer, dans sa ferme avec sa petite amie.
Toute cette histoire ridicule est ponctuée de dialogues plats et insipides. Lance est persuadé que Denny, puis Homer a tué Marge (la femme du jacuzzi) quil retrouve dans une forêt à moitié dévorée par un ours. Personne ne saperçoit de la supercherie et lon sennuie ferme durant les deux cent soixante premières pages (ce qui fait beaucoup sur trois cent cinquante). Les personnages sont stupides, naïfs ou détestables comme Sarah sa petite amie. Il ny a pas une once de vraisemblance dans le récit et je comptais les pages pour arriver à la fin.
Et à la page deux cent cinquante neuf, le miracle se passe enfin. Le roman devient plus intéressant, non par sa vraisemblance, mais on sort enfin des dialogues stériles et les héros deviennent très humains. Les cent dernières pages sont nettement plus intéressantes, même si ça ne manque pas de rebondissements plutôt grotesques, par lévolution des personnages de Denny et dHomer, la fin de lhistoire est même plutôt brillante. Le personnage de Nick tire son épingle du jeu par sa grande humanité et sa bonté, même sil apparaît comme très naïf.
Ce livre aurait en effet pu être très drôle, mais il ne lest pas du tout. Les cent dernières pages permettent quand même déviter le naufrage total. Si le début avait été aussi bon que la fin, ce livre aurait été excellent, mais lauteur na pas réussi à mettre en valeur le scénario, sûrement à cause de la platitude des dialogues et du côté trop caricatural des personnages.