Les Chroniques de l'Imaginaire

Nyassaland (Wendy - 1) - Duval, Fred & Quet, Christophe

Nous sommes au Portugal, en 1915, dans une bibliothèque que semble visiter une jolie jeune femme anglaise. Wendy Livingstone, puisque tel est son nom, semble s'intéresser aux maladies mentales, notamment sur les personnalités qui restent enfants. Elle refuse de s'intéresser à des écrits nouveaux sur le sujet, d'un certain Freud, ce dernier étant allemand. La discussion s'arrête lorsqu'un autre visiteur aborde Wendy pour lui remettre une enveloppe.

Le visiteur en question n'a pas beaucoup le temps de discuter, puisqu'il est aussitôt abattu par des espions allemands qui ont surpris l'échange. Il faut ainsi toute l'adresse en moto et en hydravion de Wendy pour échapper à ses agresseurs, menés par un certain Wagner. Ce n'est qu'une fois arrivée en Normandie que Wendy retrouve un de ses frères, ainsi que le contenu de l'enveloppe.

Il semble que le capitaine de la Marine anglaise William James, un homme qui est principalement dans une région particulière de l'Afrique, soit de mèche avec l'ennemi... On le voit en tout cas sur une photo, prise en pleine jungle par une expédition qui faisait dans le reportage animalier, serrer la main d'un officier allemand. Il est impossible de se tromper, étant donné que la main gauche de James est métallique, suite à un accident survenu il y a plusieurs années.
Alors, Wendy, espionne de Sa Majesté de son état, est envoyée dans le Nyassaland, officiellement pour y chasser le léopard (un des animaux du Big Five), officieusement pour y enquêter sur les relations de James avec l'ennemi allemand. Wendy a aussi la permission de tuer James s'il le fallait au cours de cette mission. Bien évidemment, le voyage ne sera pas de tout repos, principalement lorsque Wagner et ses hommes l'entreprennent également...

Voilà donc le premier tome d'une série d'espionnage qui se déroule durant la première guerre mondiale, bien loin des lignes de front. Un tome qui est l'occasion de présenter les personnages, dont cette Wendy qui a tout du James Bond au féminin, entre les répliques acérées, le sang froid et le charisme. C'est Fred Duval qui scénarise ici, et on voit bien que l'homme possède toutes les clés qui permettent de rendre ses personnages attachants.

Graphiquement, c'est Christophe Quet qui est aux dessins, et Carole Beau à la couleur : les planches sont jolies, sans forcément être inoubliables, mais elles méritent de mettre en valeur les courses poursuites et les scènes d'action avec beaucoup de mouvements, qui sont très bien rendus. Wendy et ses expressions bénéficient aussi d'un soin tout particulier, ce qui favorise évidemment l'attachement avec ce personnage principal féminin.

Seulement, ce tome donne le ton, avec une couverture qui est bien loin d'être originale, et dont on sent qu'elle parle de ce qu'on aura déjà pu lire dans des dizaines de séries. Et il faut bien reconnaître que si le fond et la forme sont maîtrisés et se déroulent à un bon rythme, on ne peut s'empêcher de remarquer un cruel manque d'originalité dans ce premier tome. C'est intéressant, certes, mais bel et bien plat et convenu, et l'aspect africain par exemple aura été bien mieux défini dans des séries comme Africa Dreams, ou encore le plus récent L'appel des origines.

Dommage donc : une série qui est à découvrir pour les personnes qui démarrent leur collection, mais avec laquelle les collectionneurs de longue date auront du mal à trouver de l'intérêt. Pourvu que le second tome bénéficie de ce brin de folie qui nous fait cruellement défaut ici.