Dans un petit village paisible où la vie suit son court tranquillement arrivent des cavaliers. Ils pénètrent avec leur monture dans l'église et s'en prennent au prêtre. Un des chevaliers est extrêmement remonté et veut savoir où se trouve une statue. Ce chevalier est le seigneur Galohan. Un des hommes qui l'accompagne, un balafré borgne qui ne semble pas chevalier et qui répond au nom d'Alcantor, trouve la statue juste derrière une tenture. Cela met le seigneur Galohan encore plus en rage qu'elle puisse être livrée à la vue de tous ainsi. Le prêtre ne comprend pas ce qu'il se dit ; la Vierge doit bien pouvoir être vue par les croyants lors de messes, non ? Cette remarque va lui valoir une décapitation sans sommation.
Alcantor tente de calmer son seigneur. S'il tue tout le monde, comment pourront-ils savoir qui a sculpté cette merveille ? Les deux hommes semblent vouloir accomplir un prodige ne pouvant provenir de cette statue-ci. Heureusement, ils trouvent rapidement un paysan qui va leur indiquer le nom du sculpteur : Jabath. Il vient de s'installer dans la cité de Ram. À ce nom, Galohan rentre à nouveau dans une folle colère. Il semble que le seigneur n'ait plus tous ses esprits. Quoi qu'il en soit, il ne déviera pas de sa route et fera tout pour trouver ce fameux Jabath.
Dès la première planche, on entre dans le vif du sujet. C'est tellement soudain comme introduction qu'on se demande même où nous sommes tombés. Puis, nous apprenons petit à petit le contexte de l'histoire. Quel est le rôle de Jabath, qui sont Alcantor et le seigneur Galohan, pourquoi celui-ci est-il si vindicatif. Frank Giroud nous fait patienter pour nous amener doucement à répondre à des questions que nous nous étions effectivement posées. Nous sommes donc impliqués dans l'histoire par nos interrogations. Si on place l'histoire sur un plan linéaire, nous ne sommes pas dans une originalité phénoménale. C'est une histoire d'amour maudite qui a rendu fou l'homme. Par contre, traitée comme elle l'est pas Frank Giroud et son talent incontestable, cela en devient une toute autre histoire. On a une impression étrange lors des premières pages, celle d'une histoire qui ne nous interpelle pas, puis tout bascule et cela devient l'inverse : nous sommes très concernés. C'est sans doute ce qu'on appelle le talent.
Au dessin, Paolo Grella nous emmène dans une ambiance sombre, relativement encrée, aux couleurs directes du plus bel effet. Que ce soit dans les scènes de batailles sanglantes où bien dans les couloirs plus intimes de Galkiddek, il arrive à nous embarquer avec lui dans son univers. Les personnages sont eux aussi très bien réussis. Lillewyn qui, malgré son absence du début du tome, tient une place centrale dans la suite, est parfaitement maîtrisée. On détecte aussi un niveau de détail différent en fonction des planches. Cela pourrait laisser penser, au premier coup d'il, à un manque de travail. Mais, avec le temps, on se dit que peut-être cela participe aux ambiances que le dessinateur veut donner à ces différentes scènes. J'espère que cette hypothèse est la bonne ; elle semblerait assez cohérente.
Galkiddek nous propose une histoire d'amour sur fond de fantasy. Mais c'est traité d'une manière violente, barbare qui nous interpelle. C'est donc une série qui commence bien, fort et qui ne demande qu'à nous livrer la suite, qu'on imagine bien tragique.