Qu'il est difficile de prendre conscience de son âge quand c'est face à lui, face à celui qui sera le dernier amour. Tomber amoureux en un clin dil, en une inspiration, tomber amoureux, comme on tombe d'une chaise, avec la facilité de l'inéluctable... Marian, jeune libraire Roumain, est cet amour là. Mais les vingt-six années qui les séparent ne sont pas le seul rempart à franchir. L'amour qui les consume tous deux sera mis à la torture de la séparation, de la distance, de l'univers même des deux êtres qui s'aiment. Et les sentiments qui font vibrer font aussi rapidement saigner. Jalousie, manque de l'autre, incompréhension font leur apparition, et leur oeuvre...
Gilles Leroy nous offre comme une confession l'histoire de son dernier amour. Le monde autour de lui et de Marian n'est dans la plus plus grande partie du temps qu'effleuré, comme si cela n'avait pas vraiment d'importance. Seul compte ce qui est en capacité de rentrer dans leur bulle. Finalement, c'est une histoire d'amour banale, comme tant d'histoires d'amour, comme celle que l'on croit tous exceptionnelle au fond de nous.
Les mots transpirent les sentiments. Ils offrent à l'amour et au désenchantement du narrateur une image fidèle.
Chaque phase de l'amour y est parfaitement relatée. La rencontre et la sensation de surnaturel qui nous entoure, la magie qui rend l'être aimé presque irréel. La douleur de l'éloignement, le manque de l'être aimé nécessairement, Gilles Leroy reprenant la route. Puis la morsure de la jalousie devant le succès de son amant, devant la déchéance de son propre corps. Il irradie de ces mots une nostalgie désarmante.
Et malgré cette démonstration d'amour, jamais l'auteur ne se répand. Jamais il n'abandonne cette forme de poésie qui entoure son texte, un peu comme un dernier rempart de pudeur.
Un joli moment de tendresse dans lequel il est bien agréable de se laisser couler.