Les Chroniques de l'Imaginaire

L'aventure de l'esprit et autres confessions - Saint Augustin

Augustin nait en 354 dans l’Algérie actuelle d’un père païen et d’une mère chrétienne. Il part étudier à Carthage à l’âge de dix-sept ans, se détourne du christianisme et vit une période de débauche. Il vit en concubinage et a un enfant. Il devient professeur en Italie. Il se convertit en 386, abandonne femme et enfant pour retourner en Afrique. Il devient prêtre, puis évêque d’Hipponne (Algérie actuelle). Il écrit des centaines de traités, lettres et sermons. Il est l’un des Pères de l’Eglise les plus importants de la tradition occidentale. Il marquera l’Eglise d’Occident d’un sceau indélébile.

Livre premier : La mémoire des commencements.
Le début du texte est constitué de diverses prières qu’Augustin adresse à Dieu. Il cite des versets bibliques et les commente. Il met en avant le fait que Dieu remplit le monde de sa présence, tout lui appartient, il est souverain. Dans un dialogue continu avec Dieu, Augustin passe sa vie en revue, en commençant par son enfance. Il s’interroge pour savoir s’il vivait déjà quelque part avant sa conception. Il reconnaît que la vie vient de Dieu et qu’il lui doit tout, il affirme le dogme du péché originel, qui rend tout homme pécheur devant Dieu, même un bébé. Il a été malade et a demandé le baptême dans son enfance, mais ce n’était pas la coutume de l’époque, car on craignait de perdre la pureté du baptême en continuant de vivre et l’on se faisait alors baptiser juste avant sa mort. Ce chapitre est consacré à la relecture de son enfance en dialogue constant avec Dieu, dans une optique de salut par la Grâce. Il est intéressant de constater qu’Augustin appelle l’Eglise et non Marie Notre Mère à tous.

Livre II : L’irruption de la faute.
Ce livre suit la même structure que le précédent, il commence aussi par des prières dont la forme rappelle les psaumes bibliques. Ce sont avant tout des confessions de péchés ici. Augustin parle de son adolescence et de ses débordements. Il est particulièrement horrifié au souvenir d’un vol de fruits commis dans le jardin du voisin, non par nécessité, mais juste pour le plaisir de transgresser un interdit. Il parle aussi de ses débordements sexuels. Il sait que le péché peut amener à des transgressions bien plus graves qu’un vol de fruits, car le péché est attirant et satisfait notre nature quand on le commet. Mais il reconnaît avoir été aveuglé car les choses parfaites ne se trouvent qu’en communion avec Dieu. Dans un élan très paulinien, il se reconnaît totalement pécheur, sauvé par grâce et sans aucun mérite devant Dieu.

Livre III : Errances et jalons.
Ce chapitre est consacré à ses années d’études à Carthage durant lesquelles il s’est joyeusement adonné à la débauche et à l’amour charnel. Il confesse aussi son goût du théâtre qu’il juge malsain avec le recul. Cette vie par procuration l’empêche de vivre la vraie vie à laquelle Dieu l’appelle. Il étudie la rhétorique pour devenir avocat, un métier où la mauvaise foi est récompensée d’après lui. Il voue une grande admiration à Cicéron, toutefois il est tourmenté et étudie la bible en parallèle, même si la pensée de Cicéron lui paraît mieux élaborée que celle de l’apôtre Paul. Augustin adhère ensuite à l’Eglise manichéenne, mais il n’en est pas satisfait et continue à chercher Dieu. Il connaît des succès intellectuels qui nourrissent son ego, tandis que sa mère prie avec ferveur pour sa conversion. Elle reçoit un songe qui lui annonce que sa prière sera exaucée le moment venu. Et en effet, Augustin se tournera définitivement vers Dieu neuf ans plus tard.

C’est un livre très intéressant et on pourrait dire moderne d’une certaine façon. Augustin relie son parcours de vie à la lumière de la théologie de la croix. Il est tout à fait conscient de son ambiguïté et de ses désirs incessants, son coeur est partagé. Il reconnaît avec beaucoup de lucidité son infini besoin de Dieu. On aurait presque envie de qualifier Augustin de protestant contemporain en lisant ce petit recueil de textes.