La nuit de la Saint Sylvestre 1938, Jack Duluoz, seize ans, se rend à un bal en compagnie de ses amis. Il va y faire la connaissance de son premier amour, Maggie Cassidy, "douce, brune, pulpeuse comme une pêche, insaisissable comme un grand rêve triste." Comme tous les adolescents, ils vont s'aimer et se briser le cur.
De ce sujet tout simple, Kerouac tire un beau roman largement autobiographique où il met en scène Jack Duluoz, son avatar littéraire récurrent (on le retrouve notamment dans Avant la route et Visions de Gérard). Comme on l'a vu, l'histoire est presque banale, mais l'écriture de Kerouac, intuitive, spontanée, nous plonge au cur des pensées d'un adolescent hier encore très proche de ses amis et de sa famille et qui oublie soudain tout et tous pour les beaux yeux d'une fille. Ce style particulier colle bien au sujet puisqu'il permet de passer sans transition d'un état émotionnel à un autre et nous fait revivre de l'intérieur les tourments de l'adolescence et des premières amours.
Assez déroutant par rapport au reste de la production de Kerouac, Maggie Cassidy ne contient quasiment aucun élément se rattachant au mouvement beatnick, mise à part de belles pages sur l'importance de l'amitié. Le célèbre auteur de La route revient simplement avec nostalgie sur une époque qui semble avoir été très importante dans sa vie et dans sa construction en tant qu'homme et écrivain.
Un roman à découvrir, tant pour la fraîcheur de son style que pour l'universalité de son sujet.