Je préfère mettre les choses au clair tout de suite : dans ce livre, il n'est question ni de sexualité, ni de cannibales ! Je soupçonne la maison d'édition d'avoir choisi ce titre pour attirer le chaland. Et, il faut l'avouer, ça marche ! Parce qu'une fois trouvé le livre, on lit la quatrième de couverture, on réalise bien vite qu'il n'y aura rien de scabreux dans ce texte, mais on a envie de découvrir les aventures et mésaventures de ce couple d'américains parti vivre au fin fond du Pacifique sur une île dont on n'a jamais entendu parler.
L'auteur raconte avec humour (je n'irai pas jusqu'à dire comme je l'ai lu, que c'est le livre le plus drôle des dix dernières années, mais il flotte un air de dérision et de bonhomie assez agréable) son séjour de deux ans à Tarawa, minuscule île du Pacifique. Avec Sylvia, sa compagne, ils vont découvrir les joies de la vie sur un atoll où le confort occidental n'est plus qu'un rêve.
De l'eau croupie, de l'électricité de temps en temps, des ordures et de la merde partout, absolument partout, même sur la plage, surtout sur la plage, qui sert de toilettes aux I-Kiribati, les autochtones.
La nourriture ? Du poisson, du poisson, du poisson, avec un peu de riz. Avec des vers, des maladies intestinales à n'en plus finir. Quelques conserves dans les quelques boutiques, mais périmées depuis plus de six mois. Normal, il n'y a pas de ravitaillement régulier. Faire pousser des légumes ? Impossible, il fait beaucoup trop chaud et tout crame.
Bref, il faut rapidement s'habituer et ne plus faire le difficile. L'auteur constate que les hommes perdent rapidement du poids, leur teint devient verdâtre et maladif, sous le bronzage qui s'apparente plutôt à des brûlures tant le soleil tape fort. Les femmes, elles, résistent. Elles sont génétiquement prévues pour ça.
Maarten Troost a choisi de raconter son séjour en découpant son témoignage en chapitres sur des thèmes précis : la nourriture, les coutumes, le concours de danse inter-ministériel, le gouvernement, les chiens, les péripéties des déplacements entre les différentes îles etc.
Sans aller jusqu'à dire que je me suis tordue de rire, j'ai souvent souri à l'évocation du quotidien de deux I-Matang (étrangers) dans ce monde vraiment à part, comme par exemple quand il arrive à clouer le bec à La Macarena avec Miles Davis.
C'est un témoignage agréable à lire, même si j'ai trouvé les chapitres parfois un peu trop denses et manquant de fluidité dans leur aspect, car il y a peu de retours à la ligne. Mais cela n'empêche pas la lecture d'être facile et sans aucun temps mort.
On apprend quantité de choses sur la vie de l'autre côté de notre chère planète, et surtout complètement à l'opposé de notre mentalité d'occidentaux vivant dans un pays industrialisé et moderne.
Mon seul regret : j'aurais aimé avoir une carte géographique de ce petit coin perdu, ainsi que, pourquoi pas, quelques photos.