Le peuple des cent mille chevaux est le roi de la steppe. La simple évocation de ce nom suffit à faire trembler toutes les autres peuplades. Ces hommes et ces femmes vivent de la chasse et du pillage et ne montrent aucune pitié envers les faibles.
Mais aujourd'hui, l'heure est grave. Un tribunal a été composé au milieu du camp. On juge une jeune femme qui a refusé de se plier aux lois du clan, ce qui constitue un des deux crimes majeurs reconnus par la loi du peuple, l'autre étant la trahison. Reconnue coupable, Kohjen, puisque c'est son nom, est condamnée au bannissement, à pieds. D'ici trois jours, elle deviendra une proie pour quiconque la croisera et aura le droit de la tuer sans autre forme de procés. Sans un regard vers ce clan qui l'a vu grandir, Khojen accepte son sort et s'en va.
Laurent Chabin nous offre le portrait féroce dune jeune fille fière, une guerrière, élevée selon la loi du plus fort et qui, chassée par son peuple, va découvrir d'autres valeurs. Au-delà du voyage physique, c'est un voyage intérieur que Khojen va accomplir. Car comment survivre dans un monde qu'on ne comprend pas, qui véhicule des valeurs à l'opposé de celles qui nous ont fait grandir ? Continuer à lutter ou s'adapter ? Certes il n'est pas facile d'aller à l'encontre de son éducation mais l'ouverture d'esprit peut amener de belles choses.
Le ton est assez sec, âpre même, suite de phrases courtes, sans description excessive, et colle parfaitement à l'héroïne dont on suit le parcours. Celle-ci est fière, courageuse, parfois bornée mais au fil de son périple et de ses rencontres, elle finira par se poser des questions et avancer.
Monde réel ou imaginaire, impossible de le dire. On navigue entre les deux sans réussir à jeter l'ancre. On pourrait facilement situer l'action de ce roman chez les Huns par exemple ou au sein de n'importe quelle tribu nomade guerrière des steppes tout comme dans un univers inventé de toute pièce. Mais en réalité, cela importe peu.
Enchaînée est l'histoire d'une jeune femme qui va s'ouvrir petit à petit au monde qui l'entoure. Un joli récit dont il me tarde de lire la suite.
A noter que ce roman est écrit à partir de la version originale publiée en 1998 sous le titre de Wlasta.
