George Crozat est policier en région parisienne. Et pratique assidûment la boxe certains soirs. Souvent malmené lors de ses combats, il lui arrive de faire acte de présence au commissariat sans être capable d'assurer son travail correctement. Célibataire, il fréquente les prostituées. Dort peu. Une hygiène de vie loin d'être irréprochable en somme.
En parallèle de la vie de ce personnage, nous suivons dans un décalage chronologique celle de Pascal Verini, appelé aux armes en 1957 pour aller combattre en Algérie. Il sera affecté dans un DOP (un détachement opérationnel de protection). En clair, un pseudo centre de détention dans lequel la torture est monnaie courante. Pascal vit très mal ces mois passés auprès de collègues plus ou moins bien intentionnés, à entendre dans la nuit les cris des algériens capturés.
Un évènement va bouleverser la vie de Crozat. Un commanditaire lui confie des enveloppes d'argent en échange de passages à tabac. La première fois le policier accepte, car il a besoin de liquidités. Mais rapidement, il se rend compte qu'il ne s'agit pas de banales histoires d'adultère : quelque chose de louche se trame là-dessous.
On se doute que c'est sur ce point que vont se rejoindre les deux histoires racontées en parallèle, mais le lien met beaucoup de temps à apparaître (environ deux cent pages). Et c'est long. Car les deux récits ne sont pas assez denses pour qu'on soit passionnés par leurs destins. Cela manque de profondeur ; les descriptions sont peu nombreuses, trop factuelles. Il n'y a pas assez d'émotion, notamment dans le récit concernant l'Algérie. L'auteur ne fait pas suffisamment entrer le lecteur dans son univers.
Quant au dénouement, c'est une cruelle déception. Un Prix Quais du polar suscite peut-être trop d'attente. Toujours est-il que la fin est convenue, facile, sans réelle surprise. Sans l'excitation qui nous fait tourner les pages, pressés de connaître la fin. Le mur, le Kabyle et le marin est un roman noir sympa, sans plus. On peut trouver beaucoup mieux.