Les Chroniques de l'Imaginaire

La fin d'Alice - Homes, A.M.

Dérangeant nous dit la quatrième de couverture qui, pour une fois, n'a pas exagéré comme on a trop l'habitude de le lire et, vraiment, dérangeant est ce roman totalement hors norme.
Je savais donc en l'entamant que j'allais lire un roman étrange, choquant et dont certaines scènes pourront parfois heurter. Mais je ne m'attendais pas à ce que j'ai vécu en le lisant !

L'histoire ? Un pédophile est en prison depuis vingt-trois ou vingt-quatre ans pour le viol et le meurtre sauvage d'une jeune fille de douze ans. Il correspond avec une jeune fille qui, tout comme lui, se sent des pulsions de prédatrice et est irrésistiblement attirée par un garçon beaucoup plus jeune qu'elle.

Le roman n'est pas constitué d'extraits de lettres, comme on pourrait le penser.
C'est l'homme (dont on ne connait pas le nom) qui raconte, à la première personne du singulier, son histoire. Il raconte à la fois son quotidien à la prison, avec des scènes à la limite du soutenable (violence, et bien sûr, sexe) et à la fois ses échanges avec la jeune Alice pour laquelle il imagine comment elle vit avec sa famille au quotidien, et comment elle va aboutir à ses fins avec le jeune Matthew. Il raconte également ses souvenirs, son enfance avec une mère elle-même pédophile, et fait de temps en temps quelques allusions à "ses" filles, celles qu'il a "eues", mais dont on ne saura pas grand-chose.
Les différentes histoires de cet homme se mélangent entre elles, dans sa tête mais aussi dans le roman, puisque parfois on passe d'un sujet à un autre sans aucune transition, sans même de saut de paragraphe ni un simple retour à la ligne pour indiquer au lecteur que l'on va changer de sujet.
Ce premier point est assez désarçonnant, mais heureusement pas très fréquent.
La construction du roman en elle-même est assez habile et originale : raconter de cette façon ce que la jeune fille fait, alors qu'il est en prison et qu'il n'en sait que ce qu'elle veut bien lui raconter dans ses lettres, est assez remarquable.
Au bout d'un moment, on se rend compte qu'on n'a peut-être pas uniquement que la vérité qui se déroule sous nos yeux effarés. On ne sait plus si cela ressort de l'imagination du prisonnier, de la jeune fille, ou des deux.
C'est bien sûr assez déroutant. Mais le pire n'est pas là.

Les détails décrits et poussés à l'extrême pour chaque scène de violence, de sexe, de cruauté, sont vite insupportables et amènent le cœur au bord des lèvres. Littéralement. C'est cru, malsain, répugnant, ignoble, abject comme rarement (voire jamais) je n'ai lu.
Au final, au cours de ma lecture, je n'avais plus aucune pensée charitable ou de colère contre les personnages (qui sont quand même à la base des personnages fictifs dont le lecteur peut arriver à se détacher), mais je me demandais, à chaque scène encore plus écœurante que la précédente, comment et surtout pourquoi un auteur en arrive à écrire ce genre de choses, et surtout à accepter de le publier ?

C'est une lecture qui me laisse un goût vraiment amer dans la bouche (et ce n'est pas qu'une expression). Mais que je ne la conseillerai à personne de mon entourage, malgré son indéniable qualité d'écriture, et sa construction habile.
En tout cas, le pari est réussi : c'est un roman que je ne pourrai pas oublier...