Les Chroniques de l'Imaginaire

Les épines (Murena - 9) - Dufaux, Jean & Delaby, Philippe

Il y a peu, une grande partie de Rome a été réduite en cendres, sous les yeux de Néron, l'empereur romain. A présent, deux choses occupent les pensées de l'empereur : d'abord, penser à la reconstruction de la ville et aux plans grandioses qu'il imagine. Ensuite, le peuple romain réclame le sang et la vengeance. Il va bientôt falloir mettre la main sur les responsables de ce terrible incendie, et depuis peu, il semble que les juifs soient la cible des soldats romains : plusieurs d'entre eux ont été amenés dans les geôles, pour des raisons encore obscures...

Lucius Murena, de son côté, est plongé toute la journée dans les plans qui donneront la nouvelle Rome. L'homme refait peu à peu surface, et sa solitude est actuellement trompée avec les visites de plus en plus fréquentes de Claudia, très jolie femme que Lucius a permis de retrouver. Claudia n'a d'yeux que pour Lucius, parmi les ouvriers, et un nouveau couple ne tarde ainsi pas à se former, dans cette Rome en cours de reconstruction.

Par contre, il y a des hommes qui parviennent à s'enrichir, en revendant notamment les ruines des juifs qui sont jetés avec de moins en moins de ménagement dans les prisons. Le vieux Pierre parvient à rencontrer l'empereur et à lui parler, mais ce dernier ne peut intercéder en sa faveur cette fois : les conseillers de l'empereur sont formels : il vaut vraiment mieux calmer la colère qui s'élève dans Rome, quitte à tuer de façon atroce des centaines d'innocents...

Alors, ce neuvième tome de Murena marque le début d'un troisième cycle. Il est encore l'occasion de voir une nouvelle collaboration entre Jean Dufaux et Philippe Delaby, avec des couleurs de Sébastien Gérard en lieu et place de Jérémy (qui officie maintenant sur Barracuda, toujours avec Jean Dufaux au scénario). Autant être clair tout de suite : ce neuvième tome est encore une fois parfaitement remarquable, avec un scénario léché, fortement inspiré d’événements religieux, avec la crucifixion en tête.

Le dessin de Delaby est encore une fois d'une extraordinaire minutie, avec des décors et visages réalistes, qui n'empêchent pas le mouvement dans certaines scènes de combats, notamment entre anciens gladiateurs. Les jeux de lumières sont encore une fois du plus bel effet, preuve que le nouveau coloriste n'aura rien à envier au précédent. On retrouve ainsi la patte de deux grands auteurs, qui parviennent encore à conserver ce niveau de dessin rarement atteint.

Ce tome est ainsi une introduction pour ce qui devrait être la prochaine rencontre entre Néron et Lucius Murena, qui s'évitent bien évidemment comme la peste suite aux événements relatés dans les deux premiers cycles : la tension est omniprésente dans le tome, et est exacerbée avec des scènes d'une grande violence, qui sont sans doute très proches de la réalité.

Murena est depuis longtemps une série phare sur la Rome antique, pour ne pas dire la grande référence du genre : ce n'est pas ce démarrage du troisième cycle qui nous fera changer d'avis !