Les Chroniques de l'Imaginaire

Les clans de la Dorgne (Les fables de l'Humpur - 1) - Bordage, Pierre & Roman, Olivier

Dans le Grand Centre, le seur H'Will est proclamé le nouveau Seigneur de l'Animalité.
Loin de tout cela, à Manac. Véhir est un jeune grogne (un humanoïde avec des caractéristiques porcines) pour qui cela va être le premier grut. C'est une cérémonie où toutes les femelles (les troïas) sont enfermées dans une grange et où les mâles féconds se précipitent pour en saillir le plus possible. Mais c'est quelque chose qui ne sied pas à Véhir. Lui voudrait qu'Orn soit la première et la seule. Or, c'est interdit ! Une femelle ne peut n'avoir qu'un seul grogne. Alors que le grut bat son plein, Véhir voit Orn prise par Graüm, un grogne qu'il n'aime pas. Il est furieux et en veut terriblement à celle qu'il considérait comme sa promise. Il s'enfuit. Dans la forêt, il va faire la rencontre de Jarit, un grogne qui a choisi depuis bien longtemps de ne pas vivre selon les rites de la communauté. Et cette rencontre va à tout jamais bouleverser la vie de Véhir. Mais elle risque aussi de remettre en cause beaucoup des choses qui sont les fondements de ce monde animal.

Les fables de l'Humpur est l'adaptation du roman éponyme de Pierre Bordage. Une fois n'est pas coutume, c'est l'auteur en personne qui s'attèle à l'adaptation de son œuvre. Et autant c'est un romancier de talent qui maîtrise son sujet parfaitement autant l'écriture d'un scénario de bande dessinée est un exercice dans lequel il n'est pas encore passé maître. En effet, Les fables de l'Humpur, même si c'est un roman qui ne fait pas des milliers de pages n'en est pas moins situé dans un monde complexe et difficile d'approche. Ne serait-ce que par le langage employé par les protagonistes. Mais, dans le roman, nous avons le temps pour appréhender tout cela et s'investir dans l'histoire. Là, nous n'avons que 46 planches pour découvrir le monde, les personnages, le langage (peu simple) et c'est bien trop peu. Je peux comprendre la volonté de ne pas faire une adaptation sur dix tomes, mais prendre plus le temps de poser les choses aurait certainement été une bonne solution. Du coup, on perd l'attrait du monde que l'on ne fait que survoler et on n'est pas autant investi dans l'action, parce que trop rapide, trop confuse. Pierre Bordage a peut-être souhaité se concentrer sur le message qu'il souhaitait faire passer en écrivant son roman mais même lui n'arrive pas à se dégager vraiment de la lecture.

C'est donc en partie déçu que j'ai fermé ce tome. Olivier Roman nous livre pourtant un dessin de bonne qualité mais il n'a pas le temps de poser véritablement son ambiance, le scénario étant trop rapide pour cela. Il arrive bien à dessiner les différents humanoïdes qui ont des traits animaux spécifiques, ce qui était essentiel pour la bonne compréhension de l'histoire et des différences entre grognes, hurles… Mais cela ne suffit pas à rehausser le tout. Pourtant, le potentiel était bien là et l'attente, de mon côté, peut-être trop grande.