Les Chroniques de l'Imaginaire

Cesare (Cesare - 3) - Soryo, Fuyumi

Cela fait maintenant quelques temps qu'Angelo a pu faire une visite nocturne de Pise en compagnie de Cesare Borgia, constatant ainsi la misère affolante qui touche les adorateurs de Savonarole notamment. A présent, cela fait quelques temps que les espagnols ne se montrent plus à l'université. Au bout d'une semaine, Angelo en est même à s'inquiéter pour la santé de Cesare. Mais il fait la rencontre d'un étrange moine dominicain, qui prétend que Cesare va très bien, et qu'il aurait passé ce temps à Florence.

C'est Miguel qui revient le premier, annonciateur du retour des espagnols, enfin. Et Cesare va pouvoir montrer qu'il est bel et bien revenu, lorsqu'il se met à tenir tête à Henri, le meneur du clan français. Un être fourbe, particulièrement obtus, qui ne jure que par la force. C'est par la ruse et l'adresse que Cesare va lui donner une énorme leçon, en s'en prenant à lui physiquement : Cesare n'a pas supporté l'attitude raciste d'Henri envers Miguel, un ami aux origines juives.

Suite à cela, Cesare doit supporter les sermons des dirigeants de l'école, mais qu'à cela ne tienne : le garçon est bientôt libre, et il va faire une proposition intéressante à Angelo. Pise a besoin d'une manufacture, payée par l'or des Médicis, alors que Lorenzo a de plus en plus de graves problèmes de santé. Cesare pousse auprès de Giovanni, le leader florentin, pour que ce soit Angelo qui soit choisi pour diriger les travaux. Cela n'est pas du goût de tous les florentins, mais la décision de Giovanni ira bien dans le sens de Cesare.

Il faut croire que le jeune Cesare Borgia est décidément très persuasif envers ses contemporains, dans ce troisième tome de Cesare. Fuyumi Soryo nous montrait jusqu'à présent le côté génial et affable de son personnage principal. On ne peut pas dire que cela ne soit pas encore le cas ici, mais on est surpris devant telle ou telle réplique, qui nous montre bien que le personnage est très calculateur, et certainement jamais trop lisse.

Encore une fois, les personnages de Fuyumi Soryo sont travaillés, avec une personnalité fouillée, profondément réfléchie. Les relations entre eux sont également véritablement passées au crible, et rien n'est laissé au hasard dans ce troisième tome de Cesare, qu'on aura encore bien du mal à lâcher avant son dénouement. Ce tome est l'occasion d'y retrouver un certain Machiavel, après les apparitions de De Vinci et de Christophe Colomb dans le second tome. Encore une fois, c'est d'une fluidité rare.

Et puis graphiquement, on retrouve une grande finesse de trait : les visages et les expressions sont soignées, et on a l'impression d'assister à cette belle rixe qui oppose Cesare au français Henri.

Un contexte historique intéressant, et parfaitement vulgarisé sans tomber dans le simpliste, des personnages crédibles et attachants, du mouvement dans les dessins : que demander de plus en dehors d'une sortie rapide du tome suivant ?