Les Chroniques de l'Imaginaire

Venise (Venise - 1) - Pinheiro, Nicolaï

Alors qu'il est plongé dans un rêve rempli de souvenirs d'enfance, Vladimir est réveillé par la musique de Billie Holiday. C'est Pazzo qui appelle et, comme bien souvent, le patron mafieux de Vladimir s'exprime en râlant. Mais pour une fois, il n'a pas tout à fait tort, étant donné le colis qu'il vient de recevoir par la poste. Deux de ses hommes de main ont été enlevés, et Pazzo vient de recevoir la couille droite de chacun d'entre eux. Choquant ? Pour le moins...

Et Pazzo sait bien évidemment qui a fait le coup. Pour lui, il ne fait nul doute que c'est Blackowski qui est derrière cela. L'homme a eu le temps de ruminer sa vengeance, car il a subi exactement le même sort il y a quelques années, quand Pazzo lui a envoyé les frères gitans, pour un misérable différend financier. Alors, Pazzo ne peut pas laisser passer cela. Il y va de sa crédibilité dans cette partie de la ville. Alors, il veut envoyer Vladimir et Momo, ensemble, pour régler cela.

Mais le hic, c'est que Vladimir et Momo ne s'entendent vraiment pas, et ce depuis plusieurs années et la petite amie de Momo piquée à l'époque par Vladimir. Qu'à cela ne tienne, Pazzo pense que cela est de l'histoire ancienne, et il envoie les deux rivaux s'occuper de Blackowski. Mais ce dernier est malin, et se fait accompagner par un petit garçon bien silencieux nommé Tim. Alors que Momo souhaite descendre Blackowski et le môme, Vladimir ne l'entend pas de cette oreille, et tente d'éliminer Momo.

A en juger par la couverture de ce premier tome, on pourrait s'attendre à y trouver une histoire d'amour campagnarde, une tranche de vie bien léchée. Nullement. Venise n'est pas là pour la célèbre ville italienne, mais pour le prénom de cette fille que Vladimir a connu dans son village d'enfance. Une fille qu'il n'a pas revue depuis bien longtemps, mais que les circonstances ne vont pas tarder à rapprocher.

Ainsi, le héros principal de cette série est une petite frappe sans grande envergure. Un alcoolique notoire, bien loin du gentil héros traditionnel, et plein de démons et de faiblesses. Le personnage ainsi imaginé et mis en image par Nicolaï Pinheiro est tout simplement attachant, et profondément crédible.

Et c'est bien là le cas de tous les personnages rencontrés dans ce tome, même lorsqu'il s'agit de personnages finalement plus secondaires, comme ce Pazzo qui fera forcément penser aux meilleurs chefs de famille du Parrain, ou du quartier de Little Italy. Les dessins du brésilien Pinheiro sont tout simplement magnifiques de détails et de précision. C'est fin, précis : les personnages bénéficient d'expressions vraiment très réussies, et les décors ne sont d'ailleurs pas en reste, notamment dans la campagne.

Un premier tome surprenant par rapport à ce qu'on imaginait au vu de la couverture, mais qui renferme un petit bijou de mélange de thriller et de polar : vous pouvez y aller les yeux fermés !