Yôko est une lycéenne modèle et accommodante, qui fait de son mieux pour ne pas déplaire à sa famille très stricte, ses professeurs, ses camarades de classe. Son unique trait distinctif réside dans sa chevelure naturellement rouge, qui attire tous les regards. Quand Keiki, un étranger blond, débarque abruptement dans son lycée en lui enjoignant de la suivre car elle est en grand danger, elle le prend dabord pour un dingue. Très vite pourtant, la menace se précise et Yôko est contrainte de senfuir avec linconnu et les curieux amis de celui-ci pour échapper à des monstres sanguinaires.
Dépassée par les événements, Yôko se retrouve bientôt seule dans un monde inconnu. Adieu le Japon, bienvenue dans le Royaume de Kô ! Quoique « bienvenue » ne soit quune façon de parler, car Yôko nest pas la bienvenue du tout : dans ce monde, les étrangers rejetés par la mer sont considérés comme des démons. Pour survivre, Yôko doit se garder tant de la population locale que de démons qui lattaquent à répétition, tout ça sans guère pouvoir dormir ni manger. La seule chose qui la porte, cest lespoir de retrouver Keiki pour quil laide à rentrer chez elle, au Japon !
Cette histoire nous permet de suivre une jeune héroïne propulsée de force dans un monde quelle ne comprend pas, qui plus est un monde particulièrement hostile. Si elle cherche à en savoir plus sur son nouvel environnement, si elle découvre peu à peu des us et coutumes différents de ceux de son Japon natal, elle doit surtout apprendre à se battre pour sa vie : il lui faut tuer des démons, trouver/voler de la nourriture et des vêtements et surtout, perdre lhabitude de faire confiance, car ici tous ne demandent quà la trahir et à profiter delle. Sans personne à qui se fier, cela va être très dur pour la jeune fille. Jai beaucoup apprécié ce voyage en compagnie de Yôko, que lon voit lutter et évoluer. Par contre, il est dommage que les personnages secondaires soient aussi peu approfondis, faisant uniquement de la figuration.
La découverte des 12 Royaumes est également intéressante. Il sagit dun monde dinspiration chinoise, technologiquement moins avancé que le nôtre (pas délectricité ou de moyens de transport modernes, par exemple). Cest plutôt dépaysant, surtout pour nous autres Européens.
Notamment, laccent est mis sur la langue. En chinois, la même syllabe parlée peut correspondre à plusieurs idéogrammes écrits. Par exemple, on écrit le nom du roi Kô différemment de celui de son royaume de Kô. Chaque fois quun nom propre est introduit dans le récit, quelqu'un demande comment cela sécrit, on apprend ainsi quels idéogrammes doivent être utilisés et leur signification. Jai dabord trouvé cette préoccupation permanente des personnages assez déroutante, mais à la réflexion je suppose quil sagit bel et bien dune habitude assez légitime pour qui est confronté quotidiennement à cette difficulté !
La fin très abrupte laisse la plupart des questions sans réponse. En fait, on voit bien quil sagit dune coupure dans une histoire non achevée : normal, car le roman, qui fait deux tomes en version française, nen faisait quun seul en version originale. Assurez-vous donc davoir le second volume sous la main avant de commencer, pour pouvoir enchaîner la lecture sans frustration. Pour ma part, jai pris grand plaisir à cette lecture et je me lance immédiatement dans le tome suivant !