Tout a commencé par une nouille trouvée sur le trottoir devant le 93 de la rue Dieffenbach à Berlin. C'est là que j'habite avec maman. Moi, c'est Frederico, enfin Rico parce que mon prénom en entier est bien trop long. Je suis maldoué, c'est-à-dire que je n'arrive pas toujours à réfléchir comme il faut. Et puis surtout je dois marcher tout droit sinon je me perds. Et j'ai aussi la fâcheuse manie de partir dans des digressions incessantes. Mais ça, c'est la faute aux boules de loto dans mon cerveau. Parfois, elles s'entrechoquent tellement que je ne sais plus à quoi je pensais. Je vais dans un centre spécialisé où Monsieur Wehmeyer essaye de mettre de l'ordre dans le bazar de ma tête. D'ailleurs pour les vacances, il m'a demandé de tenir le journal de ce qui m'arrive. Ecrire, je le fais déjà pour les définitions des mots compliqués que je ne connais pas.
Je disais quoi déjà ? Ah oui, la nouille ! Oubliez-la, je n'ai pas réussi à trouver d'où elle venait puisque Monsieur Fitzke, un voisin, l'a mangé. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui occupe tous les esprits, en ce moment, à Berlin, ce sont les enlèvements d'enfants par celui qu'on surnomme Mister 2000, rapport à la rançon de deux mille euros qu'il réclame aux parents. Maman m'a quand même laissé sortir faire les courses tout seul et c'est en chemin que j'ai rencontré Oscar et que tout a vraiment commencé.
Ce roman a reçu le Grand prix du livre en Allemagne et à la lecture, on comprend aisément pourquoi. On y fait la connaissance de Rico, un enfant différent, maldoué comme il le dit lui-même et c'est ce personnage qui donne tout son charme à cette histoire. L'intrigue policière, pourtant bien construite, passe en second plan, emportés que nous sommes dans l'esprit de ce jeune garçon. Et il faut le suivre tant il est capable de changer de sujet et de passer du coq à l'âne puis de l'âne au coq en passant par un lapin. On découvre donc un enfant différent et on rit beaucoup. Car sa vision du monde est non seulement amusante mais aussi terriblement pointue. Aucun misérabilisme ni apitoiement : Rico est conscient de ses limites, il les accepte et fait avec.
Le texte est habillé, par-ci, par-là, de dessins assez naïfs mélangés à des photos. C'est original et offre des petits clins dil au texte. Si vous aimez les histoires carrées, les déroulements linéaires, ce roman n'est pas pour vous. Par contre, si vous aimez les détours, les digressions, les tranches de vie et le rire, pressez-vous de faire la connaissance de Rico et des habitants du 93 de la rue Dieffenbach. Une lecture d'été légère et savoureuse, à déguster à partir de dix ans.