La majesté des mers (Les 12 Royaumes - 5) - Ono, Fuyumi

Rokuta, le kirin du royaume de En, sait qu’il a fait le bon choix en proposant le trône vide à Shôryu. La révélation divine était claire, le jeune seigneur motivé par la tâche. D'ailleurs, dix ans après, il est facile de constater que la situation s’est beaucoup améliorée dans le royaume dévasté de En.
Cependant, Rokuta n’est pas satisfait. D'abord, il n’est pas convaincu que la royauté soit le meilleur mode de gouvernement, car il a déjà vécu les horreurs qui peuvent découler pour le peuple de l’ambition d’un mauvais roi. Et puis, Shôryu semble tellement nonchalant, tellement plus intéressé par ses loisirs que par l’exercice du pouvoir… C’est pourquoi Rokuta ne fait guère de difficultés quand il est enlevé par Atsuyu, un gouverneur rebelle qui veut forcer le roi à prendre ses responsabilités et à faire face aux problèmes. Atsuyu, charismatique et apprécié de ses administrés, ne ferait-il pas un meilleur dirigeant que Shôryu ?

C’est encore au choix d’un kirin et à ses conséquences que l’on a affaire dans ce nouveau récit situé dans les 12 Royaumes. Cette fois, le choix est déjà fait depuis longtemps, mais est malgré tout remis en cause. Évidemment, le lecteur qui a déjà lu La mer de l’ombre sait que Shôryu est appelé à devenir un roi sage et visionnaire, sous la houlette duquel le royaume de En va prospérer pendant de longs siècles. On comprend donc bien vite que Shôryu cache son jeu et est bien plus réfléchi qu’il n’y parait. Mais ses compatriotes, eux, le prennent pour un imbécile, c’est donc avec délice qu’on voit comment il manipule la partie sans avoir l’air d’y toucher tandis que ses proches soupirent devant son comportement frustrant.

J’avoue avoir pris grand plaisir à revenir ainsi sur le passé du roi En et son kirin, dont on avait fait brièvement la connaissance précédemment. On les découvre au travers de la crise qu’il faut gérer pour mater la rébellion, mais on suit en parallèle ce qui a pu leur arriver avant, comment ils se sont rencontrés. Comme ils ont tous deux vécu dans notre monde avant d’aller dans celui des 12 Royaumes, cela leur donne une certaine ouverture d’esprit, une vision différente de celle d’un pur natif des 12 Royaumes.
Les personnages secondaires ont plutôt plus de présence et de profondeur que dans les volumes précédents, ce qui donne une bonne richesse au récit. En sus, on continue à découvrir de plus en plus d’aspects (parfois un peu trop détaillés, d’ailleurs…) des 12 Royaumes, ce qui nous plonge dans un monde dépaysant.

Si j’avais trouvé l’intrigue du volume précédent un peu pauvre, ce n’est pas le cas ici. Au contraire, le scénario est élaboré et bien maîtrisé, et agrémenté de ce qu’il faut d’émotion et aussi d’humour. Comme en plus les personnages sont très attachants et le style facile à lire, je me suis vraiment régalée.