Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Chevalier (Haut-Royaume - 1) - Pevel, Pierre

Quand ils sont enfermés au fond de la forteresse de Dalroth, soumis à l’influence maléfique de l’Obscure, les hommes changent. Après trois années d’emprisonnement, Lorn Askariàn n’est plus le jeune chevalier prometteur qu’il était. Désormais, c’est un homme dur, amer, qui porte en lui une bonne part d’ombre.
Pourquoi le Haut-Roi, qui n’est pas intervenu trois ans plus tôt pour gracier le meilleur ami de son fils cadet, a-t-il soudain fait innocenter Lorn ? Le vieux roi fatigué espère faire de l’ancien condamné son champion, celui qui sauvera son royaume dangereusement affaibli. Tel est en effet le discours que les Gardiens du Dragon Gris, le Dragon du Destin, lui ont tenu : Lorn n’est pas un quelconque quidam, ses actions peuvent rendre sa gloire passée au Haut-Royaume. Mais est-il bien sage de confier l’avenir du pays à une âme aussi torturée ?

Avec ce roman, Pierre Pevel inaugure un nouveau cycle d’envergure, une saga de fantasy au long cours qui doit raconter le destin de tout un royaume. L’univers, de type médiéval avec une touche de fantastique, est riche et fouillé et on plonge dedans avec délice. L’intrigue complexe, qui ouvre plus de questions qu’elle n’apporte de réponses et effleure au passage nombre de secrets, s’inscrit clairement dans le cadre du commencement d’une beaucoulogie (selon les propres termes de l’auteur). Bref, pour ceux qui aiment, c’est tant mieux car ça veut dire qu’on aura quelque chose à se mettre sous la dent pendant un certain temps.
Je regrette cependant que certaines péripéties semblent convenues, reprenant une trame assez prévisible (je pense par exemple à la manière dont Lorn s’impose dans les bas-quartiers de la capitale, au grand dam des autorités locales corrompues). Même certains retournements de situation majeurs, suggérés préalablement de manière un poil trop appuyée, n’ont pas toujours l’impact attendu, ce qui est dommage car cela atténue un peu le suspense.

Le personnage qui porte l’histoire, Lorn, est un homme ambigu et difficile à cerner. De brefs passages et références permettent de le découvrir tel qu’il était trois ans auparavant : un jeune homme de petite noblesse, mais promis à un brillant avenir grâce à son amitié de toujours avec le prince Alan et à sa bravoure au combat. Cependant, c’est un homme tout différent qui est ressorti des geôles de Dalroth. C’est désormais un solitaire, qui se tient à distance même de ses anciens amis. Un homme cynique, dont on peine à savoir s’il agit pour l’honneur et la justice ou simplement par calcul. Et surtout, un homme en colère, imprévisible, bien décidé à se venger ce ceux qui sont responsables de sa terrible captivité. On le plaint, on suit ses aventures avec grand intérêt, mais il faut reconnaître que parfois il donne froid dans le dos.
Les personnages secondaires - et notamment le flamboyant prince Alan - sont également intéressants, même si on se focalise moins sur eux. J’espère qu’on aura l’occasion de les découvrir davantage par la suite.

Je me suis vraiment régalée avec ce livre, que j’ai lu très rapidement. J’espère qu’il ne faudra pas attendre trop longtemps avant de pouvoir découvrir la suite !