Cela fait maintenant quelques temps que Missak a été évincé de chez ses grands-parents, à New-York, après qu'il ait été surpris à distiller de l'alcool pour les trafiquants environnants. Mais lors d'une réunion entre arméniens, une jeune femme reconnaît le jeune garçon, qui était en Turquie il y a deux ans, en plein génocide par les turcs. Missak avait alors quatorze ans, et le jeune garçon a vu les pires horreurs, et a réussi à survivre grâce aux russes notamment.
A présent, le grand-père de Missak s'en veut terriblement d'avoir évincé le jeune homme : il se met en tête de le retrouver, même s'il sait que la tâche ne sera pas simple, dans une ville de plus de cinq millions d'habitants. Missak, de son côté, a trouvé refuge dans un bordel. Le jeune homme est toujours puceau, même si ce ne sont pas les avances qui manquent, mais il a vu trop d'horreurs il y a encore trop peu de temps.
De façon générale, Missak a beaucoup de mal à se livrer : cela lui a joué des tours, et continue à lui en jouer, notamment vis-à-vis de ses grands parents. Par ailleurs, le jeune arménien n'a plus de représentants légaux sur le sol américain. Il sait que la moindre erreur peut lui être très préjudiciable. Et pourtant, il lui faut bien voler un sac à main de temps en temps pour survivre. La situation est très délicate, jusqu'à ce que son grand-père finisse par le retrouver, in-extremis...
Franck Giroud nous présente là le sixième tome de cette série, Les Fleury-Nadal, qui est consacrée à différents personnages rencontrés dans Le Décalogue. Ce tome est le second tome consacré à Missak, un personnage qui aura un rôle bien important dans Le Décalogue, par rapport à Nahik, ce livre très rare aux superbes illustrations, que Missak n'aura jamais vendu.
Le rythme de ce tome, comme le précédent, est très bon : il se passe toujours quelque chose encore une fois, avec une grande intelligence, et un intérêt historique important, avec ce génocide arménien qu'il fallait cacher le plus possible à l'époque, et qui semble même encore tout frais de nos jours. Ce Missak est ainsi un personnage fouillé, complexe, crédible, comme tous ceux qu'affectionne Franck Giroud.
Au niveau graphique, on retrouve les traits de Gilles Mezzomo. Les visages ont des traits bien souvent taillés à la serpe : en quelques coups de crayons bien sentis, Mezzomo parvient à donner des expressions très convaincantes à ses personnages, ce qui convient parfaitement à cet univers bourré de personnages différents, qui se croisent et se recroisent. La lisibilité n'est pas en reste, même lors des flash-back qui nous permettent de suivre le jeune Missak, encore en Turquie, se battant pour survivre.
Un tome très réussi, qui clôture finalement un diptyque sur ce personnage de Missak, et qui reste dans la lignée de tout ce qui sort autour du Décalogue : les fans sauront apprécier la chose à sa juste valeur !